+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Je vis aujourd’hui à Vainui et à vrai dire, j’y ai toujours vécu. J’ai grandi comme fille unique avec mon père dans le village d’Asgeir. Notre maison a toujours semblé grande de l’extérieur, mais c’est parce qu’elle abrite la forge qui prend la majeure partie de notre habitat. Sinon, notre maison faite de pierre est très modeste. Père et moi vivons dans la même chambre et ce depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. J’aime beaucoup Vainui, ses montagnes, ses glaciers et ses rivières. Je m’y suis toujours sentie chez moi et pas simplement parce que j’y suis née. Pour avoir déjà mis les pieds à Lucrezia, je peux dire que les grandes cités ne sont pas faites pour moi. Je ne pense pas un jour quitter mon village. M’installer à Ibai peut-être, si le travail m’y oblige, mais pas ma région.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Je n’ai jamais connu ma mère car elle est morte en me donnant naissance. J’ai grandi uniquement avec mon père qui, par respect pour sa défunte épouse, n’a jamais voulu retrouver quelqu’un. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de lui trouver un nouvel amour. Je n'ai donc jamais eu de frères ni de sœurs, à mon grand regret. Je ne peux pas dire être très proche de mon père, mais je le respecte et je lui dois tout. Malgré nos différends lorsqu’il m’a forcée à quitter ma formation pour devenir soldat afin qu’il m’enseigne son métier, je lui en ai voulu d’avoir brisé mon rêve. Mais aujourd’hui, je suis prête à faire beaucoup de sacrifice pour mon père qui est ma seule famille, le seul qui me comprend réellement et qui ne me fera jamais de mal. Aujourd’hui malade, je fais mon possible pour qu’il puisse recevoir les soins nécessaires.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
Je n’ai jamais vraiment pensé à aller vivre ailleurs, mais s’il y avait un endroit que j’aimerais voir au moins une fois dans ma vie si l’occasion se présentait, ce serait très certainement la région de Gorka. Lorsque j’étais de passage à Lucrezia, j’ai rencontré une personne originaire de là-bas qui m’a conté des récits sur la faune et sur leurs coutumes. J’ai été pas mal intriguée et à la fois passionnée par ce que cette personne a pu me raconter. J’ai toujours apprécié les animaux et rien que pour voir les leurs, j’aimerais pouvoir m’y rendre un jour. J’imagine la région de Gorka comme assez semblable à Vainui mais en moins froid et avec plus d’arbres. Je me fis simplement à ce que l’on m’a raconté, mais je n’ai pas vraiment d’idée de ce à quoi ça peut ressembler.
+ Quel est l'élément que tu haïs au plus haut point ? Pourquoi ?
Si je devais me baser sur mon ressenti le jour du test, j’aurais tendance à dire le feu. Mais le feu est un élément que je côtoie au quotidien en forgeant diverses choses. Non, en réalité je n’ai jamais trop apprécié l’Air. Je ne sais pas pourquoi, certainement est-ce lié aux oiseaux, ce sont les seuls animaux avec lesquels je n’ai pas réellement d’affinité. Je les trouve hautains avec leur tendance à nous voler au-dessus de la tête. Par conséquent, j’ai tendance à associer les élémentaires Air à ces animaux. Je m’en méfie pas mal. Force est de constater que lors du test, je n’ai pas noué d’affinité particulière avec tous ceux ayant reçu le don de l’Air. Après, de là à dire que je déteste cet élément, ce serait un peu exagéré. Ce n’est pas de la haine mais plutôt de la méfiance et un soulagement de ne pas avoir eu la surprise de me retrouver à contrôler cet élément.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Je pense qu’on peut appeler ça un secret. J’ai toujours eu une certaine attirance pour les femmes, tout autant que pour les hommes. Mais je sais que c’est quelque chose qui n’est pas accepté et très mal vu, surtout aux yeux de mon père. Alors je n’en ai jamais parlé, sauf aux concernées. Il y a quelques années de cela, d’ailleurs, j’ai eu une petite histoire avec une certaine Marigold. Je l’ai aimée, je l’ai désirée et c’était partagé. Mais je n’ai jamais su assumer. Le poids de ce secret était beaucoup trop lourd pour moi alors j’ai préféré y mettre fin. Depuis, je n’ai pas réellement renouvelé l’expérience, du moins pas sur le moyen terme.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Je viens d’une partie modeste de Vainui mais je vis plutôt bien. Si ce que je fais aujourd’hui n’est pas ce dont j’ai toujours rêvé, je ne peux pas me plaindre. Je suis forgeronne, ou plutôt, je suis une apprentie. Mon père d’abord m’a enseigné les bases, mais aujourd’hui il est beaucoup trop faible alors son apprenti me prend à son tour sous son aile. Je pense plutôt bien me débrouiller même si ce que je préfère c’est utiliser les armes que je forge, mais ça, il ne faut pas le dire à mon père.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Je ne pense pas que j’agirais réellement, sauf si je suis certaine d’avoir le soutien d’un groupe avec moi. Même si je trouverai injuste et que j’exprimerai ma colère par tous les moyens possibles, je n’irai pas à l’encontre des décisions prises. Il y a quelques années peut-être, aujourd’hui j’ai promis à mon père de me tenir à carreau pour prendre soin de lui.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Je ne pense pas que la séparation des éléments soit contre-nature. Depuis la nuit des temps, les habitants de chaque région ont toujours eu du mal à cohabiter. Il suffit de voir la région de Dahud. J’ai ce sentiment qu’on veut nous faire croire à une possible cohésion dans notre monde, mais si nous vivons pour la plupart chacun de notre côté, ce n’est pas pour rien. Peut-être est-ce que je pense ainsi car j’ai toujours été habituée à cela et qu’imaginer un monde où nous serions tous mélangés me semble peu probable. Soit, je suis peut-être fermée d’esprit. Mais je ne pense pas l’homme capable de faire la paix éternellement. Si nous n’étions pas séparés, le chaos régnerait probablement. Mais ce n’est que mon humble avis.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
J’en ai très vaguement entendu parler. Comme pour beaucoup de choses, je ne crois que ce que je vois. Alors pour moi, l’élément matière n’est qu’une invention, une légende. Généralement, il y a toujours une raison cachée derrière l’invention d’une telle chose, mais je dois avouer que là, les raisons m’échappent.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
Je suis pour que les femmes et les hommes soient libres de faire leurs propres choix. Je suis un exemple assez représentatif. D’une part parce que je fais un métier que très peu de femmes exercent et pour cause, ce n’est pas le genre de métier des moins fatigants. Lorsqu’on me voit un marteau en main prête à battre le fer, beaucoup ressentent le besoin de se la ramener, prétendant pouvoir le faire à ma place. Je suis capable de faire ce métier et je ne devrais pas être jugée selon si je suis une femme ou un homme. Mais un autre point me tracasse. J’aimerais pouvoir vivre mon amour librement sans me soucier de savoir si aimer une personne du même sexe que moi est une mauvaise chose. Mais ce n’est pas quelque chose qui est prêt de changer. Si mon père ne voit pas de problème à ce qu’une femme comme moi travaille à la forge, aimer quelqu’un du même sexe est un autre débat qu’il ne vaut mieux pas aborder avec lui.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
Il y a un événement qui m’a pas mal marquée. C’était il y a quatre ans et je m’en souviens comme si c’était hier. C’est vraiment le tournant de ma vie, ce qui fait que je suis ce que je suis aujourd’hui et que je ne suis pas ce que j’avais tant rêvé tout au long de ma vie.
Mon père n’avait jamais été réellement d’accord pour que je choisisse cette voix : devenir soldat. Il savait pourtant que j’en rêvais depuis toute gamine et qu’il était difficile de me faire changer d’avis. Alors il n’a rien dit, malgré le regard qui en disait long. Il m’a laissée faire ce que je voulais car j’étais sa fille unique et que c’est probablement quelque chose qui aurait rendu ma mère fière. Je n’ai jamais compris pourquoi il ne disait rien à l’époque. Peut-être parce qu’il pensait trouver quelqu’un pour prendre la relève. Il y avait cet apprenti avec lui avec qui il s’entendait bien. Je suis certaine qu’aux yeux de mon père, ce jeune garçon aurait été un fils parfait.
J’ai donc suivi la formation pour devenir soldat. J’étais bien partie pour finir les sept années demandées. Ça n’a jamais été facile et à maintes reprises je me suis demandé si je ne devais pas m’arrêter là. Mais je me suis dit que ce serait lâche de ma part et surtout un déshonneur. Alors je me suis accrochée et j’ai fini par croire en moi, me voyant déjà arriver jusqu’au bout. Malheureusement ce n’était pas une chose acquise et je ne pensais pas que du jour au lendemain tout allait bousculer.
Ce jour-là j’ai fait comme d’habitude. Je me suis levée aux aurores pour me laver et me rendre à la formation. Mais on a exigé de moi à ce que je quitte les rangs. Un rire nerveux m’a échappé car je pensais avoir mal compris. Non, j’avais bien compris. On ne voulait plus de moi parmi les futures recrues. J’ai posé tout un tas de questions pour comprendre les raisons qui ont fait qu’on m’a renvoyée chez moi, mais personne ne voulait rien me dire : c’était une décision irrévocable.
Une fois de retour chez moi, j’ai tout de suite compris que quelque chose clochait chez mon père. Il était inhabituellement attentionné avec moi et tentait de me réconforter. Mais je pense qu’il avait des remords et a bien compris que je ne dirais pas un mot tant que je n’aurais pas d’explications. Il m’a alors avoué avoir écrit à mes supérieurs pour qu’on me fasse quitter la formation, il leur a expliqué qu’il avait absolument besoin de moi à ses côtés pour l’aider dans son travail. J’en ai terriblement voulu à mon père de m’avoir fait ça, d’avoir anéanti mes rêves. Il m’a pourtant prouvé que ça ne tenait qu’à un fil, que tout pouvait basculer mais je lui en voulais malgré tout.
Avec le temps, j’ai fini par accepter mon sort et je n’acceptais d’apprendre le métier de la forge qu’avec l’apprenti de mon père. Je lui demandai pourquoi il ne pouvait pas prendre la suite de mon père à ma place et il m’avoua qu’il voulait partir à Lucrezia pour mettre à profit son talent. Je ne pouvais lui en vouloir de vouloir réaliser ses rêves. Et maintenant, je suis toujours en apprentissage. Mon père ne peut plus rien faire avec ses problèmes osseux et mon maître lui, n’est toujours pas parti pour Lucrezia.
+ Quel est l'impact des récents événements sur ta vie ?
Les divisions qui ont eu lieu récemment au sein de la région centrale ont fait du bruit jusqu’ici, en Vainui. Je ne me sens pas réellement concernée car ça ne touche pas réellement mon quotidien. J’ai toujours trouvé que la région centrale était quelque chose de dangereux, à laisser se côtoyer des peuples qui n’ont absolument pas les mêmes idéologies. Malgré tout, on ressent les tensions et j’ai peur que ce genre d’incidents touche à l’avenir mon peuple et mes proches.
+ Une dernière chose...
Il m’est arrivé une fois de faire quelque chose que je ne pensais jamais faire. Je me promenais, j’étais de retour dans les environs de mon village et je voulais profiter de mon temps libre pour profiter de la nature. Lorsque je l’ai vue tomber, je n’ai pas pu rester là les bras croisés à ne rien faire. Quand j’y repense, je suis un peu tarée d’avoir sauté pour aller la sauver. Mais je n’ai pas de regrets, j’ai sauvé une vie humaine ce jour-là. J’ai tiré d’affaire cette jeune fille saoule qui aurait pu mourir congelée et inconsciente au pied de ce glacier.
+ Et enfin, pour ce qui est du niveau de ton personnage :
Je souhaite avoir le niveau
3 car il est cohérent avec mon âge qui est de
25 ans et parce que
JE N'AI JAMAIS FAIT EN SORTE D'APPRENDRE PLUS VITE.