Ҩ Event n°1 : fête du peuple

L’après-midi s’était fait mouvementé sur le marché… c’est ce qui t’avait poussée à assister à cette fête. Tu portais toujours tes vêtements de l’après-midi, sauf que tu avais revêtu un voile qui ne révélait que tes yeux. Tu espérais voir, au courant de cette fête donnée par la plèbe, des divertissements intéressants, mais tu te doutais que tu ne verrais que des hommes et des femmes bien imbibés se trémousser sur des airs trop joyeux. Tu n’avais jamais aimé ce genre d’événements. Aussi, tu restais en retrait, à la recherche de visages connus dans la foule. Plus tu y réfléchissais, plus tu songeais que tu n’avais pas ta place à cet endroit. Tu n’avais pas ta place à Dahud en cette occasion festive. Pas aujourd’hui. Pas cette année… Des gens que tu avais rencontré dans le nord risquaient de voir parmi le peuple et des gens qui te connaissaient depuis de nombreuses années pouvaient faire voler tes efforts en mille miettes en l’espace de quelques mots. Tu n’aurais pas non plus pu accompagner Sven au bal des représentants, puisque tu ne devais pas t’approcher du couple royal de Vainui. Pas pour l’instant. Plus tu y pensais pourtant, plus tu te disais que tu aurais pu infiltrer le personnel de l’événement, ou bien les artistes qui s'y produiraient…

Mal à l’aise, tu te contentais d’observer les gens qui allaient et venaient. Plusieurs t’avaient proposé des choppes pleines de vin, mais tu savais mieux que d’accepter un verre d’un inconnu. Tu étais la preuve vivante qu’une personne qui peut sembler sympathique et désintéressée pouvait cacher des motifs beaucoup plus sombres et des intentions qui pourraient mettre ta vie en danger. Assise sur la margelle d’une fontaine au centre de la grand-place, tu regardes tout ce beau monde, tous ces sourires allègres, les bras croisés, espérant que quelque chose finisse par rendre la soirée intéressante.

@Lachlan Thralmur

L’air joué par les musiciens est très entraînant. Tu es sûr que ta sœur aurait adoré aller danser sur la piste, se trémoussant de tout son corps, séduisant les pauvres malheureux qui ne feraient pas attention aux regards noirs que leur jetterait ton beau-frère. Toi, tu serais appuyé non loin de là, la surveillant du coin de l’œil, tout en parlant et discutant gaiement avec ton ami. Malheureusement pour toi, aucun des deux n’est venu aux festivités, ni de l’après-midi ni du soir. Ils sont restés à la taverne pour une raison qui t’est inconnue. Tu as été surpris par leur décision, surtout que toi, tu voulais y aller. Pour une fois que ce n’est pas toi qui gâches tout, il aurait fallu fêter ça. Cependant, tu as appris en cours de voyage que ton amie Kolga allait faire partie de la fête, et tu comptes bien profiter de la fête comme il se doit avec elle. C’est une bonne vivante, tu sais qu’elle sera partante.

Tu finis par l’apercevoir, quelques mètres plus loin, au milieu de quelques autres danseurs à l’écart de la foule, comme si elle essayait de profiter sans vraiment s’intégrer. D’un geste rapide de la main, tu attrapes deux chopes de vin et une plante que tu arraches du sol — tu ne sais pas vraiment ce que c’est, mais c’est plutôt joli —, et te diriges vers elle d’un pas assuré — même si tu ressens tout l’inverse. Tu te sens un peu mis de côté, toi, avec ton mètre quatre-vingt, ta grosse barbe et surtout, ta tenue. Tu sais bien que lors de ce genre de fête, il vaut mieux porter une tenue plus soignée qu’en temps normal, mais tu es Lachlan Thralmur, un gros rustre, pas un clown. Tu portes donc tes vêtements habituels, quoiqu’un peu moins chaud pour la région, sans bien sûr le faux tatouage devenu habituel depuis quelques temps. Tu as juste pris soin de légèrement brosser ta barbe. Pour dire de ne pas faire fuir les gens.

Arrivé près de Kolga, tu lui tends la chope de vin. « Tiens, la mioche. J’ai cru voir que tu avais du mal à te décoincer, ce soir, ça devrait t’aider ». Tu lui lances un sourire vaurien mais, avant qu’elle ne puisse te répondre, tu places la jolie fleur blanche dans ses cheveux, dans un signe de paix. « T’énerves pas, petite, ce serait dommage de voir ton petit visage devenir tout rouge ».

@Marigold Osren

La fête du peuple, une des occasions durant lesquelles Kolga avait le droit de quitter la maison close. Chaque année, elle attendait avec impatience de pouvoir rejoindre Dahud pour danser, rencontrer de nouvelles têtes et vivre en femme libre durant les quelques jours de congés offerts pour les célébrations du printemps. Cette fois-ci, elle avait réussi à voler à une couturière un lacet prévu justement pour honorer Glorë : fait de cuir teint en bleu, avec à chaque extrémité un hippocampe en bois. Kolga l'avait entrecroisé autour de sa taille pour habiller sa rober trop simple à son goût.

La place était magnifique, décorée sur le thème de chaque élément et remplie de toutes ces personnes aux tenues colorées.  Kolga profitait tout en restant un peu à l'écart. La nuit ne faisait que commencer et elle ne voulait pas se brûler les ailes. C'était déjà trop de bonheur d'être ici. Alors qu'elle dansait, seule, au bord de la piste, elle vit Lachlan se rapprocher d'elle et un sourire illumina son visage. Elle savait qu'il viendrait à Dahud, mais elle n'était pas sûre qu'ils pourraient se trouver au milieu de la foule. Il lui tendit une choppe en se moquant d'elle, ce qui transforma son expression en une moue boudeuse. Avant qu'elle ne puisse rétorquer quoi que ce soit, il plaça une fleur dans ses cheveux. Que faire face à un ami aussi charmeur? Elle prit une gorgée de vin, faisant mine d'ignorer se dernière paroles.

"Tu devrais faire attention, les gens autour de nous risquent de mal prendre ton comportement envers une "mioche"."

Elle adorait le taquiner, même si il n'y avait plus aucune ambiguïté entre eux. En fait, c'était bien plus drôle depuis qu'il n'y avait aucune ambiguïté. Après un clin d’œil, elle saisit sa main libre pour qu'il la fasse tourne sur elle-même.

"Tu aime ma tenue? Je l'ai eue gratuitement."

Elle reprit une gorgée de vin, en priant pour que rien ne se renverse sur sa robe claire ET neuve avant la fin de la soirée.

Soudain, ton regard est attiré par un grand homme roux que tu crois reconnaître. Tendant le cou pour mieux observer le gaillard, il ne fait aucun doute que c’est lui. Quelles étaient les chances que tu croises Lachlan dans une ville aussi peuplée que Lucrezia ? Tu es bien décidée à ne pas te faire voir. Tu te contenteras de l’observer de loin. Ton cœur se serre toutefois lorsque tu le vois s’approcher d’une très jeune et jolie demoiselle. Une prostituée ? Comme si un homme comme lui devait courir ce genre de femmes pour avoir un peu de chaleur... Tu fronces les sourcils, observant la scène avec frustration. Il tend une chope de vin à la petite demoiselle qui s’empresse de l’accepter. Elle prend une gorgée du liquide et s’adresse à lui avec un regard charmeur qui ne te laisse pas indifférente. Elle prend la main du grand rustre qui la fait tournoyer sur elle-même. Il est évident qu’ils se connaissent. Ça n’est pas la première fois qu’ils se croisent...

Tu te mets alors à faire quelque chose que tu n’avais jamais fait auparavant. La jalousie pointe douloureusement dans ta poitrine. Tu serres les poings avec rage. Si ça se trouve, c’est sa sœur. Qui regarde sa sœur comme ça ? te dis la petite voix dans ta tête alors que tu tentes de te raisonner. Frustrée envers toi-même, envers ta stupidité, tu te relèves pour faire quelques pas parmi la foule, tentant de repérer des visages familiers, tentant d’ignorer le sentiment de contrariété qui ne fait que grandir en toi à chaque instant.

Tu relèves les yeux vers les palais qui se dressent près de la place. Tu ne sembles avoir ta place nulle part ce soir... On ne t’a pas demandé de rejoindre ton maître au cours de ce bal des représentants. Aussi, il serait malvenu de quitter la grande place pour te diriger vers le palais... Sans pouvoir te retenir, tu te retournes pour scruter à nouveau ton amant et sa compagne. Qui peut-elle bien être ?
@Lachlan Thralmur

Tu ris légèrement lorsque Kolga te fait remarquer que les gens autour de vous pourraient mal prendre ton comportement. Tu te fiches royalement des autres personnes qui pourraient vous regarder, et tu te fiches de leurs avis. Avec un sourire en coin, tu attrapes une mèche de ses cheveux que tu enroules autour de ton doigt. Tu ne réponds pas à sa remarque, la laissant gagner ce round. Tu vas bien finir par la faire s’énerver dans la soirée, comme toujours, alors tu la laisses s’amuser un peu avant. Il faut bien profiter de la soirée encore un peu. Les festivités ne durent pas longtemps, tu n’as pas fait tout le chemin pour rien.

Elle prend alors ta main et tu la fais tournoyer sur elle-même, avec sa belle robe qui tournoie avec elle, puis la jeune femme boit à nouveau une gorgée de sa chope de vin, après t’avoir demandé ton avis sur la robe. Tu ne peux t’empêcher de réagir. « Laisse-moi deviner. Tu l’as volée. » Tu tires légèrement sur ses cheveux. « Si le propriétaire de ce tissu te retrouve, je ne te sauverai pas la mise en te kidnappant, la mioche. Faudra te décarcasser toute seule. » Tu lui reprends alors la chope des mains, craignant de voir ce tissu devenir rouge, mais aussi craignant pour ta propre peau. Tu n’as pas vraiment envie de te retrouver avec du vin plein la barbe et une chope sur la tête. Tu la déposes au sol, avec la tienne, puis tu attires Kolga contre toi.

« Si tu continues de boire comme une truie, tu vas finir toute nue sur la place à te déhancher devant tes hommes plus que pervers. Non pas que ça me dérange, j’ai particulièrement aimé ce grain de beauté sur le haut de ta fesse gauche, mais je ne pense pas que tu sois d’accord avec ça. » Tu hausses vaguement les épaules, un sourire libidineux sur les lèvres. Depuis que cette ambigüité dérangeante avait disparu entre vous, après avoir couché ensemble, tu ne te retiens plus pour la mettre mal à l’aise. C’est bien trop agréable de la voir essayer de te rendre la pareille, bien que souvent, elle ne réussisse qu’à se mettre encore plus dans l’embarras. D’un geste presque doux — ou tout du moins, non violent —, tu lui pinces la joue droite entre tes doigts, secouant son visage. « C’est vrai ça, mon gros bébé n’aimerait pas que tout le monde voie son joli cul. » Tu ricanes.

@Marigold Osren

Kolga tira la langue à Lachlan en réponse à sa petite réprimande, puis fit une petite moue boudeuse en le voyant retirer la choppe de ses main. L'inconvénient de traîner avec un papi, c'est qu'il vous empêche de vous amuser voyez-vous. Ah ces vieux, de vrais rabats-joie, il ne veulent pas qu'on vole, ni qu'on se bourre la gueule, ni qu'on danse sur les tables... Elle rougit devant les remarques et vérifia autour d'elle que personne n'avait entendu. En tout cas il n'était pas sénile l'ancêtre. Elle réfléchit quelques secondes de trop avant de trouver une répartie valable, ce qui lui fit perdre encore un peu plus ses moyens.

"Très drôle papa, maintenant tais-toi ou je vais danser avec un des ces pervers."

Elle lui fit un clin d'oeil, essayant de donner l'impression qu'elle avait gagné ce round et s'abandonna dans ses bras quelques instants le temps de trouver un moyen de reprendre l'avantage. Finalement, elle récupéra sa chope, tout en se moquant "Je n'ai même plus besoin d'aller à ta taverne pour me faire offrir des verres alors?". En revenant vers son cavalier, elle remarqua qu'une femme les regardait un peu fixement. Elle utilisa un pas de danse pour les faire tourner sur eux-même afin que Lachlan puisse la voir :

"Je t'avais dit que les gens risquaient de mal le prendre." Elle prit une gorgée de vin et lui lança un regard coquin "A moins qu'elle trouve l'un de nous particulièrement attirant, je parierais sur moi. Parce que tu es... Toi" elle lui toucha le nez du bout de l'index en disant ce dernier mot.

C'était lui tendre une perche de vingt mètres de long que d'ignorer le fait qu'il était à son goût juste pour se moquer de son physique, mais c'était amusant et elle se fichait du reste. Elle ne s'était pas non plus posé une seule seconde la question du pourquoi cette femme les regardait. elle aurait aussi bien pu avoir le regard dans le vide et simplement dirigé vers eux, dans tous les cas Kolga l'aurait utilisé à son avantage.

Le regard de la compagnie de Lachlan se pose sur toi. Elle devait faire à peu près ta grandeur, mais sa chevelure était plus claire. Elle avait ce regard séducteur et joueur qu’elle posait sur lui. Ça te faisait frémir de jalousie. Tu reconnaissais ce genre de regards. Tu avais posé le même sur lui quelques jours plus tôt lorsque tu l’avais emmené dans tes draps et qu’il t’avait amenée à l’extase, sa bouche chaude se promenant entre ses cuisses. Et tu te souvenais de ses paroles : il ne couchait pas avec les inconnues. Alors il devait la connaître, celle-là, parce qu’il la dévorait du regard. Clairement, il y avait quelque chose de plus entre eux que de l’amitié et de la belle politesse. Et tu ne pouvais t’empêcher de les fixer. Indiscrètement, effrontément, peut-être, mais tu n’en avais rien à cirer. Parce que pendant un instant, tu t’étais plu à imaginer qu’il n’y avait que toi. Tu avais lu dans le regard de cet homme un désir comme tu en avais rarement vu. Tu avais ressenti une telle possessivité de sa part, que tu avais cru qu’il y avait entre lui et toi un peu plus qu’une aventure charnelle. Peut-être t’étais-tu trompée.

Tu prends ton courage à deux mains et décides de fendre la foule dans leur direction. Appréhendant ce que tu pourrais apprendre en discutant avec la belle jeune femme qui accompagnait celui que tu convoitais tellement, tu t’avances vers eux calmement, lentement. La pire chose qui pourrait arriver, c’est que tu apprendrais qu’ils étaient ensemble, que ce qui s’était passé entre vous n’était rien de plus qu’un moment volé, un mirage. Alors, tu pourrais te concentrer sur cette mission que Sven t’avait donnée. Et ça n’importerait pas de mettre ce plan complètement déjanté qu’il t’avait proposé quelques semaines plus tôt à exécution. Ça n’importerait pas que tu puisses commettre une erreur qui pourrait risquer ta vie. Parce qu’à part cette étincelle d’espoir que tu avais eu, cette étincelle que tu avais ressentie lorsqu’il avait touché ton corps, qu’est-ce que tu avais ? Tu n’avais personne. Pas de famille, peu d’amis. Rien d’autre que ces responsabilités que tu avais envers ton maître et ton peuple. Aussi bien en avoir le coeur net. Là, tout de suite.

« Lachlan. Je ne pensais pas te croiser ici. Tu es bien loin de chez toi. Elle est jolie, ta copine… jeune, mais très belle. » Tu sais que ton ton est tranchant, mais tu n’en as rien à faire. « Dis-moi, Lachlan… est-ce qu’elle mord quand elle jouit ? »

@Lachlan Thralmur

La femme qu'elle observait s'approcha d'eux d'un pas lent et décidé. Kolga avait un mauvais pressentiment, elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre mais la brune face à eux n'avait pas l'air de bonne humeur. Elle comprit rapidement qu'elle avait raison en entendant les insinuations faites à Lachlan. Oui elle était jeune, non leur relation n'était pas malsaine. De toute façon rien n'était comme ça entre eux, ce n'était arrivé qu'une seule fois et ils s'étaient directement rendu compte que c'était une erreur. Qui était cette inconnue pour oser parler au géant roux comme ça, sans même craindre un tant soit peu sa colère, qui était-elle surtout pour ne parler qu'à lui, en ignorant complètement qu'il était accompagné. Comment pouvait être être aussi impolie, aussi insupportable? Kolga allait répondre, mais un regard vers son ami l'en dissuada. Il avait l'air choqué, et énervé et Kolga se rendit compte que malgré sa propre colère, son indignation, ce n'était pas son combat. L'autre l'avait bien fait remarqué en faisant comme si elle n'existait pas. Elle écouta la réponse calmement, sans réagir aux détails qu'il se permit de donner sur elle, sur sa vie intime. A l'intérieur, elle brûlait de rage et la petite boutade par rapport à ses vols (si tant est que Lach soit à ce moment là capable de faire une blague pour alléger l'atmosphère) n'arrangea rien. Cette Styx n'avait rien à faire là, elle n'était pas censé gâcher une des rares sorties de Kolga, ni son moment avec Lachlan. Après tout, elle ne lui avait rien fait pour se faire attaquer de cette façon. Elle était un peu gênée aussi. Elle sentait qu'elle était au milieu de quelque chose qui ne la concernait pas, qu'elle était prise entre deux feux. Elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire, hésitant entre tourner les talons ou rester là et écouter. La curiosité est un vilain défaut, mais insulter des gens au hasard dans la rue en est un bien pire, alors elle n'avait pas trop de scrupules. Quand Lachlan lui demanda à demi-mot de les laisser tranquilles, elle se vexa un peu plus. Donc il la laissait tomber pour la femme qui avait ruiné leur journée? Bien, qu'il reste avec cette apôtre de Rhaegal qui s'était déjà insinuée dans son esprit. Kolga, elle, prévoyait de continuer à s'amuser.

"Je suis peut-être une esclave, mais je suis pas ta pute Lach'. Si ta chère Styx veut boire quelque chose, elle peut très bien se débrouiller." Elle dévisagea Styx un peu trop longtemps pour que ça soit confortable. Son but n'était pas qu'elle se sente bien de toute façon "A moins qu'elle ne soit pas assez aimable pour que qui que ce soit d'autre que toi ne la serve."

Elle se retourna et s'éloigna vivement, traversant la foule jusqu'à la fontaine, au bord de laquelle elle s'assit, toujours de mauvaise humeur. Plongeant une main dans l'eau, elle observa les gens autour d'elle en essayant de se calmer. En général, le contact avec son élément l'aidait à contrôler ses sentiments. Du moins quand il n'y avait pas un courant effrayant.

« Veille à ce que ta sœur ne boit pas trop... »

Tels étaient les derniers mots de sa mère avant de me laisser partir pour Dahud en compagnie de Marigold. Le voyage avait toujours été un de ses rêves, voir du pays, autre que la beauté glacée de Vainui. On lui avait conseillé de préparer des affaires légères, une première ! Dire que jusqu'à maintenant, les adultes lui passaient chacun leur tour des sermons sur ses vêtements jugés trop fins pour rester en bonne santé. Il avait là-bas l'occasion de me vêtir d'ample et légers tissus, bien différents des fourrures hivernales en peau de bête habituelle. Ainsi put-il sortir une création de sa soeur qu'elle lui avait confectionnée sur mesure. Il devait bien y avoir des bons côtés à posséder une couturière dans la famille, et Qy lui devait d'ailleurs quelques publicités dans les rues d'Ibai. Étant particulièrement bavard, il s'était proposé afin de faire sa promotion !
C'est seulement une fois arrivé à Dahud que le jeune Osren put enfin essayer ses nouveaux vêtements. La chaleur du pays, bien que parfaitement tempérée, lui semblait horriblement étouffante. Un large pantalon de toile et une tunique sans manche confectionnés par Marigold lui permettraient, au moins, de ne pas se sécher sous ce soleil jugé trop frappant... Accoutré ainsi, Qy'rell pouvait presque se fondre dans la population de la région. Il fallait dire que chaque nation y était représenté, et ce n'était pas les couleurs bleus pastel de ses vêtements qui lui feraient défaut. Bien au contraire ! Une jeune femme en visite de la ville lui avait même demandé son chemin à travers le quartier nord de Lucrezia. Le garçon était décidément prêt pour s'y installer ! Si seulement ce temps pourtant si clément ne le déboussolait pas autant... L'ambiance des rues était ici très dynamique, et la présente "fête du peuple" animait chaque recoin de la ville. Qy'rell eut bien vite de quoi perdre de vue sa soeur, partis chacun de leur côté. Trop de choses inconnues et intrigantes passaient dans son champ de vision. Le garçon avait perdu tout repère, habituellement entouré de citoyens dont les visages ne lui étaient pas méconnus. Les étrangers se succédaient ici à une allure folle, et Qy n'avait pas même le temps de faire connaissance ! Ce ne fut qu'une fois le soir venue que l'atmosphère se détendit légèrement. Les gens semblaient étrangement plus aptes à parler à cette heure de la journée, au grand bonheur du jeune Osren, qui put rapidement se renseigner sur les coutumes de la ville. Qy fit le tour de la grande place à la recherche de visage familier, et sa soeur se trouva justement dans son angle de vue. Elle bavardait tout en dansant avec un jeune homme inconnu. Aussi la petite enflure qu'il était lui dicta de s'introduire quelques secondes entre les deux interlocuteurs :

« Elle est couturière et ne possède même pas de prétendant ! Profite s'en, si tu la fais boire c'est dans la poche. » Lâcha-t-il en passant devant eux, avant de s'eclipser vers un coin différent de la place.

Plus loin, Qy put enfin reconnaître un visage ! Commençant à douter de ses "si nombreuses" relations, il fut là légèrement soulagé. C'était le gentil barbu qui était venu en aide à sa soeur ! Se rappelant très bien de chaque visage, Qy'rell pouvait parfaitement se représenter leur discussion au marché d'Ibai, bien que poser un nom sur cette tête lui sembla impossible... Sans un mot, avec sa malice habituelle, Qy se posta juste aux côtés de l'homme, faisant mine de rien. Il écouta ses paroles plutôt rustres en pouffant.

@Styx Frasier

La réponse de la petite brunette t’a piquée. Tu as bien vu que la jeune femme n’appréciait pas ton arrivée... Mais sa remarque à lui agit comme une flèche en plein cœur. Tu ouvres la bouche pour répliquer, mais tu sais que ça ne vaut pas la peine. Parce qu’il a raison, le rouquin. Tu t’es défilée. Comme une lâche. Tu t’en tenue devant la porte de cette foutue écurie, à l’heure prévue de votre rendez-vous, pendant ce qui t’avait semblé être de longues minutes, puis tu as tourné les talons et tu es allée cuver avec saoulons dans une autre taverne. Parce que tu avais peur. Peur de t’attacher, peur de ressentir quelque chose. Parce que tu n’avais rien à faire là, dans le nord d’Oranda, et que toute la vie du tavernier était là, avec sa sœur et son beau-frère alors que la tienne était dans les sables du sud. Et avant que tu n’aies pu rassembler tes esprits pour formuler une réponse intelligible, un homme s’approche et l’entraîne avec lui vers la fontaine au centre de la grande place.

Et malgré que tu aurais voulu courir derrière lui, le rattraper, lui dire que tu étais désolée, que tu n’aurais pas dû lui faire faux bond, tu ne le ferais pas. Parce que demain, tu dirais à Sven que tu abandonnais, et les chances qu’il te renvoie vers le nord étaient minces. Ça t’arrachait le cœur. Pourquoi ? Tu n’en avais aucune idée. Tu ne le connaissais pas et il ne savait pas grand-chose de toi, mais l’idée de ne plus jamais le revoir, de ne plus te battre avec lui, de ne plus sentir ta peau s’enflammer chaque fois qu’il poser son regard sur toi, ça te faisait flancher. Retourner dans ton désert aride pour continuer à vivre ta vie comme tu le faisais auparavant te semblait illusoire. Intérieurement, tu te maudissais de t’être mise dans de si beaux draps.

Jetant un œil à l’amie de Lachlan qui s’était éloignée avec frustration, tu hésitais entre la rejoindre où elle était, t’approcher du géant roux qui s’installait sur la table pour une partie de bras de fer avec ce colosse qui démolissait tous ses adversaires depuis de longues minutes, ou prendre tes jambes à ton cou. Mais tu ne partirais pas. Pas cette fois. Tu attrapes un verre de vin que tu vides d’un trait avant de t’approcher de la scène qui s’apprête à se dérouler sous les regards avides des spectateurs. « Dix-huit, et trente pièces, que le petit déclare à mi-voix, alors que tu hausses un sourcil. Le rouquin contre mon frère, pour dix-huit tonneaux de bière et trente pièces de cuivre ! » qu’il scande à la foule. Tu ne doutes pas de l’issue de ce face-à-face. Tu sais que le bras de Lachlan est sûr et fort. Alors tu cries à ton tour : « Je paries dix pièces d’or sur le rouquin ! » Tu espères qu’il lira la détermination et la confiance dans ton regard s’il se risque à regarder dans ta direction...

@Kolga Järvi

Lorsque Kolga avait fendu la foule pour rejoindre la fontaine, elle avait croisé un homme faisant exactement le chemin inverse. Elle n'y avait pas fait particulièrement attention sur le moment, mais alors qu'elle réfléchissait à sa réaction à chaud et à comment elle venait d'abandonner Lachlan sur un coup de tête avec une femme qu'il n'avait clairement pas envie de voir, elle entendit une phrase qu'elle ne pût pas ignorer :

"Le rouquin contre mon frère, pour dix-huit tonneaux de bière et trente pièces de cuivre !"

Elle n'avait aucune idée de ce qui avait pu se passer depuis qu'elle les avait laissés une petite minute plus tôt, mais apparemment Lachlan s'était retrouvé engagé dans un duel. A moins qu'il ne s'agisse d'un autre roux bien sûr, mais c'était peu probable, surtout qu'il avait le chic pour attirer ce genre de situations.

Elle se leva en époussetant sa robe et se mit debout sur la margelle afin de voir au dessus des têtes du groupe qui s'était formé autour des deux compétiteurs. Lach était bien là, assit face à un autre géant. Les paris commencèrent à fuser et Kolga sourit, prenant en pitié ceux qui pensaient que son roux préféré pouvait perdre. Elle savait qu'il était puissant et l'avait déjà vu botter les fesses de plusieurs tas de muscles alors un bras de fer ne serait certainement pas plus difficile pour lui. En cherchant autour de la table, elle repéra Styx, qui n'avait plus du tout l'air hargneuse. Kolga ne savait pas ce qu'il se passait entre ces deux-là, mais c'était surement plus qu'un simple désaccord. Elle se rapprocha de la scène le plus possible, tout en restant sur son promontoire. Elle était bien trop petite pour y voir quoi que ce soit en gardant les pieds au sol.

Tu n’entends pas les paroles que Lachlan adresse à son adversaire, mais tu te doutes de leur teneur. Vous ne vous connaissez pas beaucoup, mais chaque pique qu’il te lançait avait cette touche de mordant qui avait fini par t’émoustiller. Toi qui n’avais jamais eu envie d’appartenir à qui que ce soit, toi qui avait toujours refusé de te voir dominée par un être du sexe opposé, tu voyais les choses différemment avec le géant roux.

La sueur ne tarde pas à perler sur le visage du gros. Sans même avoir senti la force de son bras, tu parviens à deviner qu’il a mis toute sa force dès le début. Quelle erreur de débutant… que tu ne peux t’empêcher de songer. Un jeune homme à la marque grisâtre s’est placé à ton côté et récolte les paris pour l’adversaire du rouquin tandis que tu prends les mises en note sur un parchemin qu’une femme t’a tendu. « Donne-moi ton nom, que je note ta mise, que tu réclames d’une voix autoritaire. Allez, je monte le mien ! Dix pièces d’or de plus sur mon ami Lachlan ! »

C’est alors qu’une voix familière fuse près de toi. Tu ressens un pincement au creux de ton ventre lorsqu’elle prononce ton véritable prénom : Astéria. Tu la jauges rapidement, constatant qu’elle est passablement éméchée. Habituellement, ça t’aurait probablement irritée, tu n’aimais pas les ivrognes. Ça te rappelait lorsque ton père rentrait à la maison trop aviné, quand tu n’étais qu’une enfant… Mais tu l’aimais bien, cette Marigold. En ricanant, elle t’assure qu’elle ne touchera pas à ta robe, ce jour-là. Tu éclates de rire alors qu’elle encourage Lachlan, mais tu réalises rapidement que le fait qu’ils se connaissent risquait de foutre ta couverture en l’air. Parce que Lachlan te connaissait en tant que Styx, une guerrière farouche et mystérieuse qu’il avait rencontrée à Brynjolf. Marigold croyait que tu t’appelais Astéria, que tu avais un riche artisan comme époux et que tu te préparais à visiter la cour du roi. « Marigold ! Je ne pensais pas te croiser par ici ! Je ne savais pas que tu connaissais Lachlan… ? » Tu essaies de ne pas parler avec une voix trop perçante, trop soucieuse. « Tu es venue seule ? »

Intérieurement, tu ne peux t’empêcher de songer à quel point tu aurais aimé rencontrer Lachlan dans un autre contexte, à quel point tu aurais aimé pouvoir être entièrement honnête avec lui. Avec elle aussi. Tu n’avais jamais rencontré qui que ce soit au cours de tes missions qui te fasse regretter de devoir mentir. Même que la plupart de tes missions ne nécessitaient pas que tu aies à cacher ton identité, parce que ton maître t’envoyait le plus fréquemment espionner des figures importantes qu’il désirait garder à l’oeil. « Tu veux placer un pari ? »

@Kolga Järvi

Le bras de fer dura plus longtemps que ce que Kolga s'était imaginé. Le mec en face avait l'air fort finalement et d'après les bribes de conversation qu'elle entendit ensuite, les deux frères étaient assez honnêtes, ce qui était au moins aussi étonnant. Elle descendit du rebord de la fontaine, aidée par un jeune homme qu'elle n'avait jamais vu et profita du fait que Styx ne soit pas avec lui pour aller voir Lachlan. Il avait l'air un peu fatigué par le duel, mais pas autant que son adversaire qui était en train de se rafraîchir le visage juste à côté. Elle l'applaudit avec un grand sourire et vérifia que sa propre rivale n'était pas en train de les rejoindre :

"Pas besoin de te faire autant remarquer je serais revenue de toute façon tu sais. J'attendais juste qu'elle parte."

Bon en réalité elle lui en voulait encore un peu, mais si elle ne venait pas le voir maintenant, elle perdrait peut-être sa seule occasion de passer du temps avec lui pendant la soirée. Elle chipa une choppe posée sur la fontaine par un malheureux innocent et la tendit à son ami, en lui faisant bien remarquer qu'il faudrait qu'il la retire de son ardoise. Tiens il faudrait qu'elle lui demande un jour si il tenait des comptes. Si oui, il devait certainement avoir un mur entier consacré à ce qu'elle lui devait. Elle avait aussi envie de connaître les raisons de l'intrusion de la jolie (bien qu'un peu vieille), mais elle savait que si il jugeait bon de lui en parler il le ferait et que sinon c'était parce que cette conversation était au delà des frontières qu'ils s'étaient fixées. Chacun gardait son petit jardin secret et c'était bien mieux comme ça. Ceci dit, c'était aussi mieux quand les bestiaux restaient dans le jardin et ne venaient pas la déranger, mais je vais arrêter ma métaphore ici avant de perdre tout le monde.