Je suis née dans la région du Dahud. Plus précisément dans sa capitale, à Lucrezia. Un véritable comble pour moi qui déteste la ville. Néanmoins, je ne m’y suis jamais sentie à ma place et n’y ai jamais véritablement vécu.
Si je devais qualifier une région comme étant de mes « origines », je donnerai le nom de Gorka. C’est là où j’ai passé mes plus belles années. J’ai en effet grandi dans un petit village non loin de la Rivière, à l’orée de la forêt fluorescente. Toutes les habitations étaient en bois et en mousse, en parfaite harmonie avec leur environnement. La notion de richesse ou de « profit » était, et de loin, bien différente de ce que je connais actuellement au Dahud. Hélas, à la mort de ma grand-mère (que Tarlyn veille sur son âme), j’ai dû quitter mon paradis pour rejoindre la région du centre d’Oranda afin de découvrir la vérité sur mes origines. Je devais connaître la vérité sur ma mère et le meurtre de mon père, et je ne trouverais la vérité qu’à Lucrezia. J’ai donc voyagé en suivant la Rivière pour qu’elle me mène vers ma destination.
Bien que les auberges de Lucrezia me paraissaient chaleureuses, je ne pouvais me résoudre à vivre en ville. Je me sentais comme coupée de la Nature, et j’étouffais par la présence trop importante des humains. L’appel de la forêt et de l’esprit de Tarlyn était trop fort, j’ai ainsi décidé de vivre à l’extérieur de Lucrezia non loin de la Rivière, dans une petite maison en chêne abandonnée. Son allure vétuste m’avait charmée. Elle est peu spacieuse puisqu’elle ne possède que deux pièces : une petite chambre où y sont déposé un lit simple avec une petite table de chevet, ainsi qu’une pièce de vie principale où un âtre est au centre de la pièce. Cette dernière me sert de salle à manger, de cuisine, mais aussi d’herboretum et de laboratoire. En effet, cette pièce me permet de préparer mes décoctions et autres potions aux vertus magiques à base de plantes que je ramasse moi-même. À vrai dire, je vis peu à l’intérieur de cette maisonnée, étant donné que je suis la plupart du temps à l’extérieur. Il m’arrive même de dormir à l’extérieur, bercée par la grâce de Tarlyn et de ses merveilles.


J’ai bien des parents. Un père que je n’ai jamais connu et une mère que je recherche désespérément. Ainsi, je distingue ceux qui m’ont donné la vie de celle qui m’a élevée, et que j’ai aimée : ma grand-mère maternelle, Izra Edmenra.
Depuis mes trois ans, c’est-à-dire depuis la mort de mon père et la disparition de ma mère, Izra m’a pris sous son aile. Elle m’a inculqué une parfaite éducation et m’a transmise les valeurs des terres. Grâce à elle, je connais tout des secrets de la nature, des vertus des plantes, de l’instinct animal et des volontés de Tarlyn. Durant toute mon enfance, elle a toujours su panser mes blessures, me redonner le sourire lorsque j’allais mal. Par la même, elle avait toujours des réponses à mes questions et savait étancher ma soif de curiosité et de savoir. En somme, elle a toujours fait de sorte que je ne manque de rien.
Elle est malheureusement partie beaucoup trop tôt. Elle repose aujourd’hui auprès de Tarlyn et restera dans mon cœur et mes prières jusqu’à ce que Tarlyn m’appelle à ses côtés.
Sur son lit de mort, elle m’a raconté toute la vérité sur mes parents. Je vous livre ici ses dernières paroles.
« Danaria… Je te demande pardon. Je t’ai menti toutes ses années, mais crois-moi c’était uniquement pour te protéger. Tes parents ne sont pas morts de maladie à Lucrezia, cette ville maudite. Non. Ton père, a été assassiné par Thalicorn de Blanwyn, un Noble de la famille représentante de Vainui. Probablement un conseiller des représentants de l’eau. Tu as été témoin dans ton enfance, à tes trois ans, de sa mort. Te souviens-tu de ce cauchemar que tu me racontes maintes fois ? De l’homme qui se faisait transpercer par un pic de glace ? Eh bien… Il s’agissait de ton pauvre père… Quand je t’ai trouvé, il gisait à tes pieds et tu étais si traumatisée que tu ne pouvais plus parler, ni bouger. Ma pauvre enfant… »
« Et ta mère ? Ta mère… Je ne sais pas où elle est… Elle travaillait pour Thalicorn. Il a dû changer de maison, mais sûrement pas de ville. Puisqu’il travaille pour les représentants de l’eau. Il est sûrement resté à Lucrezia. Mais ta mère… Je lui avais pourtant dit de se méfier de cette famille… De cet homme. Si elle n’est pas morte, elle est sûrement devenue son esclave. J’espère que tu pourras la retrouver… J’ai tenté de le faire depuis que tu es en âge de vivre seule. Depuis que ton pouvoir s’est renforcé… Ma belle Danaria… J’aurais du la sauver… La sauver de ses griffes… Ta pauvre mère… Sylvania. »
C’est ainsi que je connais son nom. Sylvania Kaeli. Ma grand-mère me la décrivait comme une belle femme élancée, aux cheveux noirs et ondulés. Très ressemblante à mon propre physique sauf que ses yeux étaient d’un vert émeraude aux reflets irisés. Je me suis donné pour but de la retrouver. Je dois la sauver de Thalicorn, cet être infâme.


Si le devoir ne m’appelait pas au Dahud, j’irais là où Tarlyn m’appellera.
Néanmoins, si Tarlyn me le permet, je retournerais sûrement au plus près de son élément, de ses créations. J’irais là où les arbres sont les plus forts, où les animaux sont les plus libres et fiers. J’irais dans les forêts les plus protégées de ce monde, qu’ils soient à Gorka ou dans une autre région (bien que j’en doute).
À vrai dire, les forêts sont des lieux que j’apprécie particulièrement car je me sens le plus en harmonie avec moi-même et Tarlyn. Pour moi, les forêts sont de haut-lieux de vie et de spiritualité. Dès que je me balade dans les bois, je prends pour habitude de méditer assise au milieu des arbres, pour prier ou communier avec mon environnement. Durant mes séances sacrées, je ressens la puissance de chaque être vivant. Cette puissance m’aide à me ressourcer et à bien contrôler mes pouvoirs.
Au-delà de l’aspect spirituel, j’adore la forêt de tout mon cœur. Chaque être animal ou végétal, par sa singularité, m’impressionne : que ce soit la force des troncs d’arbre, l’imposante musculature des ours ou même l’agilité des cerfs ou la souplesse des serpents. Même le bourdonnement des abeilles sonne très doux à mes oreilles. Lorsque mes yeux sont fermés, croyez-le ou non, j’entends les arbres et les plantes parler, parfois je communique avec eux. Lorsque mes yeux sont ouverts, j’ai l’impression que Tarlyn n’est pas loin, et qu’elle m’appelle, qu’elle tente même de me parler. Dans tous les cas, j’aime à me perdre dans toute la beauté qu’elle m‘offre. Toutes les couleurs des fleurs sauvages, chaque pétale, chaque feuille, chaque brin d’herbe est d’une beauté parfaite.


Sans la moindre hésitation, l’élément que je crains le plus est l’eau.
Néanmoins, pour nuancer mon propos, j’ai pris conscience que les fleurs ont besoin d’eau claire et que chacun a besoin de s’hydrater pour vivre. De plus, la vue de la Rivière ou le clapotis des gouttes ne me sont pas désagréables. Je ne crains donc pas l’élément en lui-même mais les manipulateurs de l’eau.
En effet, je pense que les personnes qui possèdent le pouvoir de l’eau sont des personnes dangereuses. Elles savent manier cet élément de sorte à créer le mal. Un mal plus insidieux que le feu puisque personne ne se méfie assez de l’eau. En effet, derrière l’eau claire peut se cacher du poison. Du poison bien caché. Qui peut se méfier d’une coupe d’eau d’apparence pure, comparée au crépitement des braises chaudes dans une cheminée ? Pourtant, une simple goutte de poison diluée dans une carafe peut tuer toute une troupe de gardes.


Je possède un don depuis ma naissance. Enfin, je m’en suis aperçue dès que j’ai su raisonner, user de mon esprit et de mes connaissances que j’ai acquises par ma grand-mère.
En observant les gens, c’est-à-dire leur comportement, leur façon de s’exprimer, de s’habiller ou leur caractère, je suis capable de savoir qui ils sont, quel est leur métier et d’où ils viennent. Je peux même deviner leur élément si leur tatouage est caché. Cette particularité me permet même de deviner des évènements de leur passé. Par exemple, lorsque que croise deux personnes tristes, je différencierais la personne endeuillée de celle qui a subi un chagrin d’amour.
Certains comportements, tels que l’affolement ou le stress de certains me permettent de deviner les intentions de certains. Je pense aux intentions de meurtres. D’autres, plus calmes me permettent d’en dire long sur leur vision des choses.
En observant ainsi le comportement de sa famille que j’ai rencontré mon amie Ceesra. Alors que j’errais dans la région de Gorka, je l’ai croisée avec son mari, ses enfants et son cortège. C’est ce dernier qui m’a permis de comprendre qu’elle n’habitait pas Gorka. De plus, j’ai vite compris que ses vêtements étaient de confection Dahudienne, ses bijoux marquaient son rang de femme noble mais sans être trop proche de cette famille. Elle portait en effet des vêtements en soie fine et brodés de fils d’or. Des vêtements bien trop décorés pour une personne simple. Bien qu’elle n’avait aucun signe distinctif, je me doutais qu’elle fût une conseillère de la famille représentante de la Terre au Dahud. Elle ne pouvait être qu’une personne haut placé parmi les Nobles du Dahud. Toutefois, pour venir à Gorka avec ses enfants, elle n’était pas dans un voyage d’affaire. Et je l’avais vue particulièrement pensive...
Néanmoins, je vous conterais cette rencontre plus en détails plus tard.
Je suis persuadée que ce don est un présent de Tarlyn elle-même. Toutefois, j’évite de le divulguer au risque d’attirer les foudres. En effet, je sais que certaines personnes très spirituelles me considéraient une prêtresse, or je n’en ai pas la prétention bien que ma foi est entièrement vouée à Tarlyn. D’autres, penseraient que je suis folle, bonne à être enfermée.
Ainsi, seule Ceersa sait que je possède ce don. Lorsqu’elle a besoin de mes conseils, elle me demande en toute discrétion. Il m’arrive cependant d’utiliser ce don pour aider des passants. Dès lors que je croise certaines personnes pensant à tuer ou à se tuer, il me faut agir pour le bien de son âme. De plus, une nuit par semaine, je deviens une « médium ». Cette activité, quelque peu illégale, m’aide davantage à payer ma nourriture que mon métier officiel.


Les forêts du Dahud n’étant pas aussi riches que la forêt fluorescente de Gorka, il me faut acheter une partie de ma nourriture au marché. C’est pourquoi, je suis apothicaire de métier. Je vends toutes sortes de plantes médicinales, que je ramasse en forêt, ainsi que des remèdes à base de celles-ci. Chaque plante a des vertus spécifiques et, préparées avec soin, mes recettes permettent de soigner n’importe quel mal, qu’il soit d’ordre physique ou mental. Une de mes potions permet par exemple de réduire le stress et de faire de meilleurs rêves.
Toutefois, puisque je vis au Dahud, mon rôle plus officieux est de transmettre la bonne parole de Tarlyn. Pour éviter de crier dans la rue et attirer l’attention, je préfère de guider les gens de mon entourage dans les volontés de Tarlyn ou des Terres. Que ce soit en conseillant Ceersa dans ses choix lorsqu’elle me les demande, ou par les conseils de médium que je donne à mes clients de la nuit.
En réalité, j’use de mon don dans mon « divinarium », une pièce secrète au sein d’une taverne de Lucrezia. Je me suis arrangée auprès du gérant de cette taverne. Connaissant son addiction pour le sureau et des tisanes sucrées que je fais avec, il me loue sa pièce en échange de mes produits.
Généralement, pour faire ce métier j’enfile un costume et je couvre mon visage d’un voile fin. Je commence toujours par leur imposer le silence afin de les observer. Je tombe toujours juste lorsque je devine la raison de leur présence. Impressionnés, ou dubitatifs pour certains, les clients me demandent des conseils pour leur avenir. Je leur réponds alors en fonction des connaissances que j’ai sur eux (comment je sais qu’ils agiraient en fonction de tel ou tel évènement en somme) et de la probabilité que ces évènements ont d’arriver. Je profite de ces conseils pour leur inculquer quelques valeurs des Terre ou leur enseigner des vertus que Tarlyn apprécie comme l’entre-aide ou le respect des plantes et des animaux. Lorsque j’ai des difficultés pour « voir » le comportement des personnes, ou leur difficulté dans la vie, j’ingurgite des plantes aux vertus… Spéciales (hallucinogènes).


Si la volonté des Dieux est que l’innocent doit mourir, même s’il s’agit d’une injustice, je ne peux intervenir malheureusement. Je prierais alors Tarlyn pour que la personne ne souffre pas et qu’elle soit bien accueillie dans l’au-delà.
Toutefois. Si je sais que l’individu ne doit pas mourir, alors j’interviendrais au nom de Tarlyn et je ferais tout pour que cette personne ne meure pas avant d’avoir accompli son destin.


Je pense que la séparation des élémentaires représente l’ordre naturel des choses. Les Dieux ont chacun donné un seul pouvoir aux Hommes car s’ils étaient mélangés ce serait le chaos. Chaque élément est assez complexe en soi. Ainsi, à mon sens, il est bon de ne pas les mélanger afin d’éviter de gros cataclysme. Prenons par exemple les tornades : elles sont issues du mélange de l’eau et de l’air et elles détruisent les terres.
Au début, les hommes avaient fait la même chose que les Dieux : chaque élémentaire avant sa région qui lui est propre et de surcroît donnée par les Dieux. Cela aurait dû rester ainsi mais les Hommes ont crée cette région de mélange. J’ai peur que le Dahud ne provoquera plus de guerre que d’instants de paix. Après tout, chaque famille des représentants semble vouloir agir pour leur propre intérêt plutôt que pour l’harmonie des peuples.
À terme, les élémentaires risquent de s’entre-tuer dans l’objectif d’obtenir une région supplémentaire et vouloir asseoir leur autorité. À mon sens, les élémentaires devraient à nouveau se séparer définitivement pour l’équilibre et le bien de la Nature.


Je ne crois pas en l’existence d’un élément créé par l’Homme.
À mon sens, l’homme est, au mieux, capable d’utiliser les éléments divins ou, au pire, les détruire. Ainsi, je doute que les êtres humains soient capables de créer un tel pouvoir.


Si tous les Orandiens sont tous croyants (et qui ne le serait pas?), personne ne semble véritablement vouer un culte aux Dieux. Personne ne semble les remercier suffisamment du Don qui leur a été offert. Notamment au Dahud où les Hommes se soucient davantage de leurs petits soucis. Ils préfèrent se confier à des proches, ou au pire, à des inconnus tenus au secret (comme moi) plutôt qu’aux Dieux qui pourraient les aider. La foi peut donner des réponses, mais tous l’ignorent. Ce constat est assez choquant pour moi. Pour moi, la spiritualité devrait redevenir essentiel à chacun. On devrait réapprendre nos traditions dans le sens culturel et cultuel plutôt que dans un esprit de fête et de débauche.
Ainsi si je devais défendre un concept, ce serait celui de la spiritualité. Et si je devais m’opposer à un autre ce serait le mélange des éléments. Je pense qu’il est la cause de la déperdition de la foi et de la dégradation de l’équilibre naturel. Pire, de sa destruction. Je pense que la création de la région du Dahud est le commencement de la fin des temps.


Deux événements ont chamboulé ma vie et m’ont permis d’avoir un but à suivre jusqu’à ma mort. Le premier, j’en ai parlé précédemment, il s’agit de la mort de ma grand-mère. Lors de son lit de mort elle m’a annoncé le nom de ma mère et où elle se trouvait.
Le second, il s’agit d’une rencontre qui a bouleversé ma vie. Elle s’est déroulée trois années après le décès de ma grand-mère. J’avais ainsi pu faire mon deuil. Laissez-moi vous conter cette histoire...
An 834, jour 3 de la cinquième lune.
J’étais dans une période d’errance « spirituelle ». En quelque sorte, je communiais avec Tarlyn et vagabondais çà et là dans les forêts de Gorka à la découverte de plantes rares aux vertus médicinales. J’ai ainsi commencé à exercer mon métier d’apothicaire, sauf que je ne faisais rien payer. J’échangeais mes breuvages et plantes contre d’autres plantes auprès de mes confrères herboristes, de la nourriture ou un abri pour une nuit auprès des passants.
Entre l’an 832 et 834, je m’approchais de plus en plus des villes de Gorka. Ce qui me permettait d’exercer mon don d’observation. De plus, mes échanges se faisaient de plus en plus contre des renseignements sur le Dahud et la ville de Lucrezia. Après tout, je cherchais à rejoindre ma mère et je voulais connaître cette région avant d’y aller.
Lors de cette journée ensoleillée de l’année 834, je m’étais approchée de la frontière et souhaitais rejoindre une diligence pour me rendre à Lucrezia. Je tombai sur une famille Lucrezienne sur le point de rentrer chez elle. Cette famille me parut bien singulière.
Il me paraissait évident, de part leur parure et le cortège qui les accompagnait, qu’ils venaient d’un milieu aisé. Milieu aisé Dahudien de surcroît. Cette affirmation me venait de la timidité des enfants qui semblaient jouer entre eux plutôt que de se mêler vraiment à la foule ou à ce qui les entourait. La mère semblait pensive. Elle devait être sur le point de repartir chez elle, alors qu’elle se sentait mieux au Gorka, ses racines. Peut-être voulait-elle montrer à ses enfants leur terre d’origine ? Elle y venait soit pour un pèlerinage spirituel ou une quête personnelle. Dans tous les cas, elle souhaitait chercher des réponses au Gorka sous la couverture d’une visite familiale officielle.
Curieuse, je décidai d’engager la conversation
« Bien le bonjour gente dame, vous semblez ailleurs. Les merveilles de Tarlyn vous ont-elles transportées ? Comment avez-vous trouvez Gorka ? »
Je remarquai l’étonnement sur son visage. Je semblais également illuminer sa journée en évoquant Tarlyn. Ceersa Birghild, Conseillère de la Haute famille représentante des Terres. Elle me confirmait la raison de sa venue et son envie de retrouver ses racines au Gorka.
J’enchaînais ainsi sur la magnifique ville de Bleuzenn qui paraissait une création de Tarlyn elle-même et à quel point les Gorkiens étaient fiers de cette ville. Elle me répondait avec ses connaissances sur ses terres, sa façon de prier et comment elle voyait notre divinité commune. Cet échange était enrichissant à la fois pour moi et pour elle. Si bien que je me sentais plus en confiance. Je trouvais enfin une personne qui parlait sans craintes ni tabou de religion, tandis qu’elle trouvait en moi une aide, un guide pour ses décisions. En tant que Conseillère elle souhaitait avant tout orienter les décisions des familles représentantes. Ceci, pour le bien des élémentaire de la Terre du Dahud.
Gardant en tête mon objectif, je lui demandai si je pouvais voyager avec eux jusqu’à Lucrezia. Après un bref échange avec son mari Osrian Thenkar, ils m’emmenèrent ainsi à bord de leur diligence vers la capitale Dahudienne. Durant ces dix jours de voyage, nous pûmes faire plus amples connaissances, je lui confiais mon secret en échange de ses soucis que je tentais d’apaiser. Son mari était également très ouvert à nos conversations, j’éprouvais étrangement beaucoup de sympathie pour cet homme.
Une fois arrivés, j’acceptais de passer une seule nuit dans leur immense Palais. Je me sentais très mal à l’aise de me faire servir par au moins deux personnes, que ce soit lors des repas ou avant d’aller dormir. Je voyais en ses domestiques leur histoire, souvent la même : devoir servir quelqu’un pour pouvoir subvenir à ses besoins ou à celle de sa (pauvre) famille. D’autant plus, j’avais surtout l’impression de déranger, même si l’on m’assurait le contraire.
Ceersa m’emmena dans son cabinet le lendemain de mon arrivée. Elle me demandait mon avis sur sa manière de gérer les Terres, en échange je lui posais quelques questions sur les représentants des Eaux et si elle connaissait la famille des Blanwyn. Je lui rappelais que certaines vertus des préceptes de Tarlyn étaient perdues dans le Dahud et qu’il serait bon de les rappeler aux gens. Nous échangions ainsi des conseils presque tout cet après-midi-là.
Le soir même, sous la surprise générale, je décidai de m’installer plutôt en ville. Je préférais m’installer temporairement dans une petite auberge où j’y serais plus à l’aise plutôt que de rester dans l’immense manoir des Birghild, bien que leur accueil fusse très chaleureux. Je promis de garder le contact avec Ceersa par lettres. Elle savait qu’elle pouvait compter sur moi. J’étais bien contente de l’avoir rencontrée, je pourrais l’aider à accomplir son rôle de future représentante.
En ce 14 de la cinquième lune de l’an 834, j’étais enfin de retour dans ma ville natale et je pourrais y accomplir mon destin.


Comme tous les Orandiens, en la douzième lune de cette année 836, j’ai vu le ciel s’assombrir. Pour moi, cela ne représentait que la colère des Dieux. Ainsi, ma première réaction a été de prier Tarlyn. J’essayais de comprendre d’où venait leur colère. Après quelques jours de réflexion, je compris que le comportement des Hommes était l’origine de ce courroux. Les Hommes avaient abandonné le côté spirituel, ils ont même souillé une fête sacrée en assassinant quelqu’un ! Montrer un tel manque de respect a mis à mal un équilibre déjà fragile. Comment ont-ils pu faire un tel affront aux Dieux ?
Si j’étais dotée de pouvoirs extraordinaires, j’aurais sûrement fait plier toutes les Régions, j’aurais fait de sorte que les Hommes se repentissent de leurs fautes. Ainsi, j’ai fait ces choses à mon échelle. J’ai tenté le plus possible lors de mes séances de « divinatoires » de leur faire comprendre les bienfaits de la spiritualité et de la prière dans leur vie. J’insistais sur le fait que l’on pouvait davantage compter sur le divin. J’appuyais ce point par le constat que les familles représentantes du Dahud se sont enfuies, alors que les Dieux sont toujours là. Toutefois, seule Ceersa était restée. Elle avait également besoin de mes conseils. Je lui disais alors de se méfier davantage des élémentaires de l’eau. De garder une vigilance plus accrue contre eux.
Les jours qui ont suivi cet événement j’entendais de nombreuses rumeurs sur l’abandon des Dieux de leur région. Ces dires se sont confirmés dans mes séances illégales. Beaucoup de gens me posaient des questions auxquelles moi-même j’avais du mal à répondre… J’ai eu beau interrogé Tarlyn dans mes pensées, elle ne me montrait pas de réponses.
Le 5 de la treizième lune, j’appris que Tarlyn a déserté Gorka et qu’elle a laissé la forêt fluorescente brûler. Mon cœur fut brisé d’entendre une telle nouvelle. Tarlyn nous a abandonné, elle a abandonné tous ses êtres magnifiques tout comme les Dieux ont abandonnés leurs terres. Seul le Dahud paraît épargné. Pour moi, cela ne signifie qu’une chose : l’apocalypse. Si le Dahud est épargné, il ne le sera pas pour longtemps. À mon avis, la stratégie des Dieux pour tuer tous les hommes est qu’ils se réfugient dans cette région. Je continue de prier pour le salut de mon âme et de ceux qui sont assez méritants. Cependant, si la fin est proche, je dois retrouver ma mère. Je dois sauver son âme avant de mourir avec elle.



[HRP] Je demanderais un peu d’indulgence, je n’ai plus RP depuis 2 ans et je me sens quelque peu rouillée. ^^