+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
"Au coeur de la ville, au centre d'un tout "
Suivant le chemin tracé par la famille qui représente le pilier de la Terre à Dahud, j’ai vu le jour à Lucrezia, le centre névralgique d’Oranda. Véritable place où les quatre éléments rythment la vie des habitants, j’ai donc toujours vécu en son sein et su y faire ma vie. Toutefois, l’amour de ma mère pour Gorka a eu bien des avantages car bon nombre de fois, j’ai eu l’occasion de fouler la Capitale de la Terre afin de m’en imprégner et d’en retirer de très bons souvenirs. Ainsi, j’ai toujours apprécié me rendre là-bas dans le but de me délecter davantage du décor, de l’architecture et des arts. La musique faisant partie intégrante de ma vie, j’ai eu la chance de faire de belles rencontres pour enrichir mes connaissances et partager ma passion lors de mes voyages à Bleuzenn ou même à Lucrezia… Cependant, après les événements récents, je pourrais dire où se situe mon avenir ni quelle région me paraît plus intéressante que les autres.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
"Ma famille, mon sang, digne représentante de la Terre"
Ma famille n’est pas des plus banales, ni des plus petites. Bien au contraire. Première fille d’Osrian Thenkar et de Ceersa Birghild , j’ai eu une enfance parsemée de souvenirs aussi bons qu’amers, et aussi agréables de détestables. Pour sûr, les relations avec ma mère, dont la renommée pesait et pèse encore sur ses épaules, ont toujours été très complexes. Femme forte au caractère dur, elle n’a cessé de me pousser à bout tant elle voulait m’endurcir afin de pouvoir tirer mon épingle du jeu une fois adulte dans un monde où les femmes devaient se faire respecter et non humilier. Je devais disposer de toutes les armes pour affronter la dure réalité selon ses dires… Cependant, cela n’avait arrangé en rien la situation et ce semblant d’insatisfaction m’avait toujours donné l’impression qu’elle ne serait jamais fière de moi. Encore aujourd’hui, je ressens toujours ce sentiment étrange à son égard… D’autant plus qu’elle n’a jamais été aussi sévère avec Erende, mon frère cadet. Seul mon père m’a offert cette complicité puissante dont j’avais tant besoin. A l’opposé de ma mère, il était celui qui me faisait rêver à l’aide de ses connaissances et me poussait à poursuivre dans ma passion pour les arts, les instruments et le chant lorsque j’étais petite. Ainsi, nous avons passé beaucoup de temps à rêver à ses côtés avec mon frère dont les envies de carrières avaient toujours été tournées vers les chevaux.
Finalement, je retire des bons souvenirs de mon enfance parmi les oncles et tantes, et autres cousins et cousines, de mon âge ou non. Fière et unie, tels sont les mots qui qualifient notre famille… Car même dans les moments les plus sombres, elle est toujours là pour nous soutenir.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
" Une histoire d'amour pour Gorka ?"
Gorka a toujours su attirer mon attention, et ce, depuis mon plus jeune âge. Je m’y suis toujours sentie bien et en sécurité. Les autres régions, pourtant attrayantes, n’ont jamais suscité autant d'intérêt que celle abritant la belle Bleuzenn. Ayant toujours rêvé de m’installer au sein de cette dernière dans mes jeunes années, je m’étais promis de poursuivre mon apprentissage de la musique à l’aide des artistes qui la peuplaient et dont les talents m’avaient marquée. De plus, adepte du dessin et notamment des croquis de maisons ou paysages atypiques qui peuvent vous éblouir grâce à leur originalité, j’ai toujours vu en Gorka une véritable source d’inspiration, et ce, à n’importe quel moment de la journée. Mais depuis le soir de l’assassinat, je ne sais plus quoi penser… ni où aller. Une partie de moi rêverait de rejoindre Bleuzenn mais une autre, bien plus sombre et en colère, souhaiterait rester sur place pour mettre un nom et un visage sur la personne qui lui a pris son père.
+ Quel est l'élément dont tu te méfies au plus haut point ? Pourquoi ?
"Toujours aimés, jamais craints,
Il faut se méfier, jusqu'à la fin"
Il y a quelques temps, je vous aurais répondu que je ne craignais aucun des éléments. Même si l’ambiance était parfois tendue avec certains membres d’autres familles piliers à Lucrezia, j’avais toujours fait en sorte de ne jamais porter de jugement définitif à cause d’une seule personne détestable. Après tout, nous n’avions pas choisi notre élément ,ni de partager les convictions de nos dirigeants… Mais voilà… Ces derniers temps et surtout depuis le soir du bal, je ne cesse de ressentir de la méfiance, voir de la haine, envers ceux qui ne sont pas marqué par la Terre… Ayant eu l’impression d’être poignardée dans le dos par ces autres en qui j’avais toujours eu confiance malgré tout, la paranoïa rythme mes journées… et j’ai de plus en plus de mal à avoir confiance. Que ce soit les Air sur qui les accusations de meurtre sont portées, les Feu où la Dictature effraie autant qu’elle passionne ou bien les Eau dont les extrémistes ont su faire parler d’eux, ils sont tous à mettre dans le même panier à présent à mes yeux.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
"Peu de secrets, mais beaucoup trop de pensées"
Je ne suis pas du genre à aimer les secrets ou même à en avoir. Cependant, je mentirai en disant que ma vie privée n’en fait pas du tout partie tant elle reste un mystère pour mes proches. Du genre cachottière, j’ai toujours pris soin de ne jamais parler des hommes qui ont pu faire battre mon coeur ne serait-ce qu’un peu ou même de mentionner un prénom. Cela ne regarde personne, et tant que je ne serais pas sûre qu’il s’agit du bon, je resterais dans l’ombre à vivre ma vie comme je l’entends.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
"Être sois-même ou devenir une autre"
Je n’ai pas vraiment de rôle, hormis celui d’être une artiste qui aime faire partager sa passion pour la musique ou encore le dessin. Bien loin des devoirs qui incombent à la famille Birghild, j’ai toujours vécu ma vie librement sans aucune contrainte. Je suis une âme qui suit son propre chemin et fait ses propres choix sans trop réfléchir… Je vais où le vent me porte, même si ces derniers temps, il semble me pousser à suivre une voie qui diffère de toutes celles que j’ai connues jusqu’à présent.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
" Hésitation, abnégation ou négation"
Je ne pourrais rester silencieuse si je voyais une opportunité réelle de pouvoir le sauver. Après tout, si la vérité pouvait éclater au grand jour pour lui venir en aide, alors j'essaierais de faire quelque chose. Toutefois… si agir était bien trop dangereux, alors je resterais à ma place tout simplement en contenant mon envie de crier au scandale. Mais si jamais, la personne dite “innocente” venait à avoir marqué mon esprit dans le mauvais sens du terme… Je laisserais sans doute faire, simplement, en justifiant que nos actes finissent toujours par être jugés, un jour ou l’autre.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Minimum 100 mots
"A la croisée des chemins,à qui dois-je tendre la main ?"
Bonne ou mauvaise chose, je pense que cela n’aurait rien changé au final si nous étions restés tous ensemble. L’être humain, doté de don, semble ressentir constamment ce besoin de prendre de dessus sur ceux qui l’entourent et qui sont différents. Même si je ne cautionne pas cette séparation forcée qui n’a fait que creuser un fossé entre nous tous au point de nous pousser à faire la guerre, je dois bien avouer que mon père serait sans doute toujours en vie si nous avions vécu hors de Lucrezia, au sein de Bleuzenn, loin des autres éléments… Ainsi, j’aurais eu tendance à m’insurger davantage par le passé tant j’appréciais ce mélange, mais depuis le bal, la séparation m’apparaît comme étant une très bonne chose finalement.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
"Rêve ou cauchemar"
Cela me fait rêver et peur en même temps… Je n’ose pas y croire tellement cela me paraît absurde, et pourtant, j’aimerais tellement voir cet élément Matière de mes yeux. De plus, les rumeurs sont tellement présentes qu’il est bien difficile de ne pas y croire un minimum, même si parfois, certaines histoires paraissent vraiment tirées par les cheveux… Et puis, pourquoi donc inventé de tels récits alors ? Certains sont précis, et se ressemblent tellement… C’est pourquoi je demande juste à être témoin de cette nouvelle manifestation avant de m’avancer sur quoique ce soit.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
"Se battre après tant d'années d'inaction"
Je ne suis pas très douée pour ça, même si ma mère m’a toujours appris à me défendre, sur tous les points, afin de prouver ma place et ma valeur dans notre société. Cependant, je ne suis pas une révolutionnaire dans l’âme, ni une fonceuse qui souhaite mener des luttes pour de nobles causes. C’est pourquoi je me contente de défendre corps et âmes ma famille dans un premier temps, et les arts pour lesquels je vis aux yeux des autres. Ce qui occupe toutes mes pensées en ce moment tant je souhaite me battre pour que la vérité finisse par éclater. Toutefois, il est compliqué d’obtenir des informations aussi facilement… Et puis je refuse que ma vie soit dictée ou bien dirigée par les autres suite à cela. Je suis libre de faire ce que bon me semble. C’est pourquoi je me confronterai à chaque personne souhaitant me mettre dans bâton dans les roues ou voulant me priver de ma liberté.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
AN 836, DIXIÈME LUNE Onzième jour
Les yeux perdus dans le miroir, j’essayais de trouver les mots pour qualifier mon état d’esprit à l’approche du Bal qui devait clôturer cette journée bien trop riches en émotions désagréables à mon goût. J’avais beau toujours avoir été de nature optimiste, je ne pouvais dire que cet attentat au marché n’avait pas ébranlé cette paix intérieure chaque année engendrée par cette fête si belle et précieuse à mes yeux. Jamais de tels affronts avaient été perpétrés et pourtant… Plus tôt dans la journée, j’avais eu peur pour ma famille et les habitants. Cette angoisse si déroutante m’avait perturbée… Un peu trop d’ailleurs même si j’avais fait en sorte de faire comme si de rien était. Alors cette histoire de Bal ne m’inspirait pas grandement, et un étrange pressentiment me dictait de faire attention.
***
C’est idiot Dylies, tout se passera bien ***
Passant une main dans mes cheveux ondulés sobrement tirés vers ma nuque, je jetai un dernier coup d’oeil à ma tenue des plus sobres pour ce genre d’événement, puis me lançai vers ma destination, la tête vidée de toutes pensées abracadabrantes.
______________
Chaque année, les salutations étaient les mêmes, chaque année, la décoration changeait pour rendre hommage aux quatre éléments, et comme chaque année, je trouvais un intérêt à cette fête où la musique avait le don de me réchauffer le coeur. Lors de mes jeunes années, j’avais eu l’occasion d’y jouer de la harpe, mon instrument favoris, juste quelques instants pour certains convives. Un véritable bonheur pour la musicienne que j’étais, même si à présent, je donnais des représentations dans d’autres endroits de la ville.
Pourtant, je n’arrivais pas vraiment à me concentrer sur les artistes, car pour une fois, je me sentais obligée d’observer les autres représentants ou autres dirigeants… Saluant des têtes connues par ci, par là, me faufilant dans la foule, je finis par rejoindre mon frère Erende, qui semblait chercher la même chose que moi à la frontière entre le Palais et les jardins.
“
Ho Dylies ! Dis moi, Père n’est pas encore arrivé ?” me lança t-il, les sourcils froncés.
“
Non, du tout, il doit être à la Bibliothèque… encore…” soupirai-je “
Et Mère qui était en retard pour son discours. Ce n’est pas vraiment le moment de jouer à ça.”
Plus froide que prévu, je soupirai alors bruyamment tout en fermant les yeux. Ma franchise me finirait par me perdre un jour.
“
C’est sûr, mais tu sais, ça n’a pas été facile pour tout le monde toute cette agitation… Et puis la ponctualité, c’est de famille ” reprit mon frère avec sagesse en me gratifiant d’une petite tape affectueuse sur l’épaule.
“
Oh… Erende, je te jure, tu es vraiment…”
Le semblant de sourire qui était revenu illuminer mon visage disparut littéralement lorsqu’un horrible cri arriva jusqu’à nos oreilles en provenances des jardins. La peur, l’horreur et l’angoisse empoignèrent alors mon coeur au point de me donner l’impression basculer dans le vide…
***
C’est quoi ça encore ***
Ni une ni deux, et sans comprendre pourquoi, je me lançai d’un pas rapide, mon frère sur mes talons, bousculant poliment toutes les personnes qui pouvaient bien nous barrer la route. Le coeur battant, le souffle saccadé, je me glissai habilement entre les curieux… jusqu’au moment où je perçus un nouveau cri.
«
Il l'a tué ! Un Fanior a tué mon époux ! Saisissez-vous de lui ! »
Figée dans ma course, la respiration coupée, je sentis les larmes montée. Cette voix, cet hurlement, c’était ma mère.
***
C’est impossible ***
Soudain prise d’une fureur incontrôlable, je me mis à courir, tout en percutant avec véhémence les personnes qui pouvaient me bloquer. Je ne savais pas si Erende me suivait encore, ou s’il avait compris quelque chose, mais une fois ma mère dans mon champ de vision, j’eus l’impression de sombrer davantage dans l’horreur.
Son visage, ce monde, les cris… Elle se jeta alors dans mes bras… Mais sans comprendre pourquoi, et par réflexe, je tentai de la repousser pour voir la scène…
Et quelle scène.
A la vue du corps inerte de mon père, je restai là, à suffoquer, les yeux écarquillés d’horreur. Incapable de respirer, ressentant constamment cette sensation de tomber dans le vide à cause des frissons qui m’agitaient, j’avais l’impression de voir mon monde s’écrouler sans pouvoir y faire quelque chose. Alors, après quelques petites secondes qui m’avaient donné l’impression de durer une éternité, j'arrivai à prendre une bouffée d’air, non sans bruit, afin de pousser le hurlement le plus inhumains de toute ma vie tant la douleur était incommensurable. Les sanglots suivirent, violents, incontrôlables, inarrêtables… Entourée des bras de ma mère et de mon frère, je ne savais plus quoi faire à part pleurer, crier mon malheur et sombrer jusqu’à enfin toucher le sol…
J’avais perdu mon père, mon confident, mon allié et celui en qui j’avais le plus confiance en ce monde. On nous avait trahi, bafoué et blessé… Plus rien ne serait pareil à présent.
Je ne saurais dire ce qu’il s’est passé par la suite, d’une part car je ne souhaite pas en parler et d’autre part car cela reste encore trop douloureux. Mais une nouvelle ère a commencé ce soir là… balayant alors définitivement cette paix factice qui tentait de tous nous réunir depuis des années.
+ Quel est l'impact des récents événements sur ta vie ?
"La souffrance, la colère et l'incompréhension"
Tout est récent… et encore trop douloureux. Toutefois, je peux vous affirmer que j’ai l’impression de ne plus être la même depuis ce soir là. Suspicieuse envers les autres, je me sens beaucoup moins avenante et compréhensive… Le monde m’inspire de la méfiance, la musique que je joue n’est plus la même non plus, tout comme mes objectifs. Je suis totalement perdue face à tout cela… Entre ma mère qui reste la tête haute sans jamais craquer et mon frère qui semble tout aussi ébranlé que moi, je n’arrive plus à trouver ma voie tant le meurtrier de mon père m’obnubile. A croire qu’il faudrait que les Dieux le punissent pour que je puisse enfin retrouver un semblant de paix intérieure.
+ Une dernière chose...
" L'éducation finit toujours par révéler notre vraie nature"
J’ai eu beau lutter contre ma mère pendant des années, je commence tout juste à comprendre ce qu’elle voulait dire à travers ses enseignements. En l’écoutant plus, peut être n’aurais-je jamais ressenti cette envie de vengeance puérile qui s'immisce dans mon esprit. Selon mon frère, je devrais lui parler, cependant, je crains cette entrevue tant j’aurais de choses à lui dire, plaisantes ou non. Pourtant, je pense que c’est bien la seule personne qui pourrait essayer de m’aider à faire certains choix… Bons ou pas.