+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Minimum 100 mots demandés
Ma terre natale et celle de Sezni : les déserts arides, les dunes de sable, les grottes et les roches. C'était mon environnement. Je ne me suis jamais intéressée à comment les autres éléments pouvaient vivre. Pour moi, Sezni était la norme et j'aimais cette région. Je l'aime toujours d'ailleurs. Lorsque mes pensées s'envolent vers elle, je suis nostalgique de ses paysages et des couleurs étincelantes de ses crépuscules. Le concours de circonstances que j'ai traversé m'a obligé à la quitter pour m'installer à Dahud. C'est... autre chose. Mais au moins j'y entrevois un avenir plus à l'image de mes aspirations.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Minimum 60 mots demandés
Ma seule famille biologique est ma mère, Nyris Kielrhan. Elle vivait à Inaki dans une situation plus que déplorable.
Pour rehausser sa situation, elle tentait de charmer des hommes pour trouver un mariage bénéfique pour elle. Mais tout ce qu'elle reçut, ce furent des refus et une aventure avec un certain Mak Garth. Je n'ai jamais cherché à le rencontrer. Les seules paroles que j'ai en écho de lui c'est cette haine que ma mère lui vouait : un homme qui a profité de ses charmes, l'a mise enceinte et l'a empêché de prendre tout contact avec lui. Ne lui laissant que quelques piécettes par seule pitié de sa situation. Il m'a délibérément occulté de sa vie. Je ne vois pas pourquoi je devrais lui témoigner alors le moindre intérêt.
Rapidement, ma mère ne put assumer notre confort à toutes les deux. J'avais dix ans lorsque Nyris a décidé de me revendre pour se faire un peu d'argent à la famille Dovjan. Elle me ressassait que c'était pour mon bien : qu'au moins mes maîtres pourraient assurer ma survie. Oui, j'étais devenue une esclave. Au service d'un homme, Mafearak, aussi violent que grossier, d'une femme, Sithis, si soumise que l'idée d'avoir une personne en dessous d'elle était une occasion parfaite pour déchaîner ses frustrations. Elle était irascible avec moi et me rabaissait constamment... Ils m'avaient volé mon identité, je n'étais plus que Reem. Ce prénom dont ils m'avaient affublée. Un prénom que j'ai alors en horreur aujourd'hui. Entrant à leur service, je n'avais plus qu'une aspiration : passer ma Cérémonie et ne plus jamais les revoir. M'enfuir.
Mais ils refusèrent que je me rende à Dahud pour passer ce rituel à mes quinze ans.
Ils tentèrent de m'enfermer, redoublant de violence pour me briser tout espoir de me rendre à cette Cérémonie. Ils savaient que dès lors mon élément apparu, je me considérerai comme libre. Cependant, c'était sans compter sur l'aide d'une âme charitable. D'un ami que je m'étais fait. Il m'aida à m'enfuir et je pus me rendre à Dahud pour passer ma Cérémonie. Malaggar m'ayant bénie, je décidai de rester à Dahud pour me construire une nouvelle vie. Plus saine. Plus confortable. Une vie de femme libre. Mon destin n'était pas de servir, j'étais persuadée que les dieux me réservaient un tout autre rôle.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
Minimum 100 mots demandés
Depuis que j'ai découvert Dahud, une certaine curiosité face aux autres régions m'anime. J'ai entendu des histoires, des contes, des descriptions, vu quelques illustrations... Je dois avouer que cela m'intéresserait de voyager. S'il m'était donné de parcourir les autres régions, ce serait essentiellement pour les voir au moins une fois dans ma vie. Je ne pense pas m'établir ailleurs qu'à Dahud. Ou peut-être à Vainui... Cela a beau être en opposition directe avec ma nature, ce contraste m'attire. Malgré ces rêveries volages, Sezni restera éternellement dans mon cœur comme la seule région que j'estime. Il me paraît aberrant d'avoir un coup de cœur pour une autre région et décider de m'y installer. Je ne pourrais jamais m'y sentir chez moi.
+ Quel est l'élément que tu haïs au plus haut point ? Pourquoi ?
Minimum 150 mots demandés
Le Feu est ma nature. Il m'a donné la vie, m'a fait grandir et m'a béni de ses pouvoirs à mes quinze ans.
Je suis une fervente servante de Malaggar et c'est tout ce qui compte à mes yeux. Les autres éléments sont comme les personnes ayant simplement une autre couleur des yeux, de cheveux, de peau. Je n'ai pas de curiosité particulière envers eux et ne m'occupe pas vraiment de leur sort. Le fait de vivre à Dahud dans ce presque mélange de cultures aurait pu me rendre curieuse, mais sur moi, ça a l'effet inverse : la désacralisation, le mystère levé. Je sais à quoi ressemble un Terre, un Air, un Eau, un Exempt. Dans un souci de connaissance et de potentielle défense, j'ai toutefois appris ce que je pouvais sur les autres éléments. Les facultés de chaque don selon l'évolution de la marque. Il faut avouer que de loin, la Terre me paraît être l'élément le plus inquiétant... Le contrôle de la nature qui nous entoure, de la terre, des animaux... À côté, les capacités de survie des Eau me paraissent être complètement dérisoires !
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Minimum 80 mots demandés
Mes secrets sont multiples... Le fait que je sois une esclave échappée et déjà une chose que je préfère éluder lors des instants "raconte-moi ton histoire". Le fait que j'ai été sévèrement battue durant cette période, ce qui m'a laissé quelques marques de guerre sur le corps. Mais s'il y a un fait qui, même s'il n'est plus réellement un secret, dont je fais particulièrement attention à éviter... J'ai tué mon mari. Celui à qui j'ai lié mon âme devant les dieux.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Minimum 30 mots demandés
Après ma libération, j'ai cherché à m'éloigner des personnes peu fréquentables. Je souhaitais faire un nouveau départ, ce qui est assez aisé à Lucrezia. Cette ville drainait tellement de monde que l'on pouvait facilement se fondre dans la masse, j'en savais quelque chose.
C'est lors d'une soirée arrosée dans une taverne du quartier Sud que je fis la rencontre de maître Markal Thorm.
Cet homme grisonnant était un bon vivant, mais il me parlait de son métier avec une passion telle que cela me donna envie d'en savoir plus. Il tenait une boutique d'orfèvrerie dans le quartier Centre de Lucrezia. Un artisan qui tenait son savoir de son père, qui le tenait de son père, etc, etc... Il noyait dans l'alcool le regret de ne jamais s'être marié et de ne jamais avoir eu d'enfants. Cela me toucha particulièrement. Parlant en connaissance de cause, je lui avouai que le mariage n'était pas aussi bien qu'on le disait et que ça pouvait très vite mal tourner. Je n'avais pas vraiment d'excuse pour le rassurer côté enfant. Encore aujourd'hui je culpabilisais d'avoir délibérément mis en danger la vie qui naissait en moi. Un poids sur ma conscience que je pensais alléger avec le temps...
Au lendemain, je me rendis à cette fameuse boutique. Markal m'accueillit les bras ouverts et me parla de son atelier. Disant qu'il était renommé dans touuuut Oranda. Je souris, à moitié convaincue mais aimant voir ce visage satisfait et fier sur le visage de l'artisan. Il me montra de ses créations et je tombai vite amoureuse ce son travail. Je devais trouver un travail pour me relancer et je lui proposai, non sans gêne, s'il accepterait de me prendre comme apprentie. Ce qu'il accepta à condition que je lui trouve une pierre bien particulière.
Les défis m'avaient toujours plu. Et aujourd'hui, l'enjeu était important. Sans ciller, j'acceptai.
Il s'agissait d'une pierre de magnétite pour une commande "spéciale". Cela ne me faisait pas peur. Et ça me paraissait même facile. Je n'aurais qu'à en voler une ? Non ! Il ne fallait pas que je tombe là-dedans. La solution de facilité n'allait pas me mener autre part qu'en prison jusqu'à la fin de mes jours. Le seul indice que j'avais, c'était que cette pierre se trouvait aisément à Sterenn, région de l'Air. Je savais qu'auparavant, nous avions traité avec un Air qui oscillait souvent entre Arne et Dahud. Cela me prit un certain temps, mais je parvins à reprendre contact avec lui de façon discrète. Contre ce qui me restait d'argent, il accepta de faire cette course pour moi. C'est une lune après ma rencontre avec Markal que je pus lui donner un éclat de magnétite. Le plus beau qu'il n'ait jamais vu, me dit-il. Cette trouvaille me fit accepter en tant qu'apprentie orfèvre.
J'ai passé huit années à son service. Il m'apprenait les pierres, leur composition, leur provenance. C'était un monde passionnant qui s'ouvrait à moi. Impliquée et motivée, je devins rapidement habile et pus créer mes propres bijoux. Markal était un maître remarquable et je n'avais de cesse que de lui témoigner toute ma reconnaissance pour m'avoir donné cette chance. À ses yeux, je pouvais voir qu'il était fier de mon travail. Même si parfois il jetait tout et me grondait pour gâcher ainsi ces matières qui étaient, à ses yeux, toutes aussi précieuses qu'une âme. Il me considérait comme l'enfant qu'il n'avait pas pris le temps d'avoir... Malheureusement, lors de l'attaque du marché, Markal fut tué dans les tumultes. Il voulait endiguer les attaques des assaillants, mais ce n'était pas un guerrier... Je l'ai perdu et, depuis, je suis seule à l'atelier
Thorm Précieuse.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Minimum 40 mots demandés
S'il s'agit d'une exécution ordonnée par la justice, je ne pourrais guère intervenir. Je garderais cela en mon cœur comme une déception profonde, le constat navrant que l'erreur étant humaine et la manipulation de mise, certains innocents payent pour les crimes des autres ou leurs lubies.
S'il s'agit d'un meurtre en dehors des clous, alors comme une hyène je me précipiterais sur l'agresseur pour lui donner une bonne leçon. Quitte à en assumer les conséquences ensuite, cela ne m'effraie pas. Sans avoir une confiance aveugle en la façon dont est rendue la justice, je sais qu'elle s'est avérée Vraie et Juste envers moi par le passé. Il n'y a pas de raison que cela ait changé.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Minimum 100 mots demandés
À vrai dire, je ne me suis jamais posé de questions sur cette séparation. Après tout, on ne peut pas tous vivre les uns sur les autres ? Il fallait bien trouvé un moyen de nous répartir sur tout Oranda, non ? Et les dieux ont choisi d'une façon logique : chaque élément évolue avec ses paires. C'est normal à mon sens. Certaines familles se voient parfois éclatées, des enfants doivent partir sans plus jamais revenir, me je ne crois pas que ce soit fait de façon injuste. Les desseins que nous réservent les dieux sont hors de notre portée. Ils ne bénissent pas un enfant au hasard. Ils nous choisissent pour être leurs disciples. C'est notre nature qui nous définit et le rôle que les dieux veulent nous faire jouer. C'est aussi simple que cela et ça se passe de l'appréciation des mortels que nous sommes. Il faut avouer cependant que Dahud est une porte de sorite appréciable à notre échelle humaine. En tout cas, la capitale m'a permis de me sortir d'une situation délicate. J'ai pu m'émanciper de mon rôle d'esclave et devenir la femme que Malaggar voulait que je sois. Alors même si je suis partisane de la séparation, je ne suis pas pour autant contre la réunion des éléments à Dahud. Car, avouons-le, même à Lucrezia finalement, nous vivons de façon séparée.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
Minimum 10 mots demandés
La Matière ? J'ai lu quelque chose dessus. Mais honnêtement, ça m'a plutôt l'air d'un mythe plus qu'autre chose. Je n'ai jamais cherché à m'intéresser à cette légende. Et quand bien même cet
élément existait, en quoi cela changerait ma vie ? Tout élémentaire mal intentionné est dangereux, ce n'est pas le pouvoir qui fait notre nature mais notre façon de l'utiliser. Pourquoi chercher à nous faire peur en présentant cela comme un élément mauvais ? Utilisés par de mauvaises personnes, tous les dons sont dangereux. C'est pourquoi la Matière me paraît être utilisée simplement pour faire peur aux enfants.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
Minimum 150 mots demandés
Mes principes sont assez égoïstes. Je n'ai jamais cherché à défendre de cause en particulier. On pourrait croire que j'attache une importance capitale à l'indépendance des femmes - surtout en Sezni - mais en vérité, je considère que les femmes ont autant de capacités que les hommes à s'affirmer. C'est à elles d'être assez fortes et braves pour se donner les moyens de surpasser cette soumission naturelle qu'on leur impose. J'ai accepté de me soumettre à mon mari, mais une fois que cela a commencé à me torturer, je me suis rebellée, ne me laissant pas faire. Nous avons toutes en nous la force de nous affirmer. Il faut juste en avoir la volonté.
Les exempts ne me sont jamais apparus comme étant "à défendre". Autant que les esclaves. Et pourtant, j'en ai été une. Mais c'est quelque chose de naturel dans nos sociétés. Je ne pardonne pas ma mère biologique de m'avoir vendue pour me réduire à cet état. Mais comme tout dans la vie : avec de la volonté, on peut se défaire de toutes les chaînes qui brident nos mouvements.
Après, une chose qui me tiendrait plus à cœur, c'est l'injustice gratuite. Cela peut en faire tousser plus d'un, mais je porte un certain intérêt à la justice. Qu'un esclave serve seulement de défouloir, ce n'est pas juste : tant qu'il fait ce qu'on lui demande, pourquoi le battre ? Lorsque j'ai été arrêtée, j'ai fini par avoué mon crime. Mais jamais je n'aurais avoué le meurtre d'Eihnor : ce n'était pas moi. Je n'avais pas à porter ça sur mes épaules, ça aurait été injuste. Il y a des règles en ce monde, et si on choisit de les bafouer, alors on accepte aussi le revers de la médaille : celui où l'on se fait choper. Je ne voue aucune rancœur envers mes juges, les Ergorn ou ma nation. Ils ont fait leur devoir.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
Minimum 350 mots demandés
Lorsque je suis arrivée à Lucrezia, bénie par le Feu, j'ai cherché à m'installer dans le quartier Sud. Mais trouver un travail fut assez compliqué. Je n'avais pas de compétences particulières et même si j'avais une créativité et une facilité d'apprentissage déconcertantes
pour le commun des mortels, je ne savais rien exploiter de toutes ces capacités. Et encore bercée de naïveté, étant à peine arrivée dans cette ville dont je ne connaissais rien, je me suis tournée vers les mauvaises personnes... Un homme qui devint rapidement un repère pour moi à Lucrezia. Reyliik Bawshar. Un Feu assez puissant qui m'inspirait une certaine admiration. Il était simple bûcheron pour une scierie installée non loin de la capitale où il résidait. Je n'étais pas vraiment taillée pour ce travail, mais il me trouva un petit quelque chose à la scierie. M'intéressant à lui, il m'invita à rejoindre sa demeure le temps que je trouve mon propre toit. Il me présenta ses amis proches et quelques autres personnes. Tous étaient Feu. Je me sentais presque comme à la maison ! En tout cas, bien plus que chez les Dovjan.
D'abord servant de femme à tout faire à la scierie, je fus placée au-devant de la scène en accompagnant le marchand lors des négociations avec les différents clients que nous avions. Il y avait des têtes haut placées tout comme des clients plus modestes. J'aimais ce contact avec les autres. C'est sûrement là que j'ai développé un attrait certain pour la vente. Répondre à un besoin, apporter ses services. Cependant, à côté de cette activité légale, je compris rapidement que le groupe d'amis de Reyliik manigançait des choses pas nettes...
Lorsque j'ai commencé à vouloir fouiner, je m'attirai leurs foudres. Mais ils semblèrent assez fous pour - au lieu de me réprimander et me menacer si je parlais de tout ça à qui que ce soit - me faire confiance et m'intégrer à leur bande de façon plus concrète. C'est ainsi que j'empruntai la pente fatale du crime... Des larcins, des menaces, des arnaques... Ils utilisaient parfois mes charmes féminins pour attirer les poissons dans leurs filets ou obtenir ce qu'ils désiraient. Reyliik veillait néanmoins à ce que les choses n'aillent pas trop loin. Il était strictement défendu de chercher à me prostituer ou d'abuser de la dévotion dont je faisais preuve pour leurs intérêts. Nos intérêts.
J'avais bien évidemment abandonné le nom de Reem, qui - à mes yeux - n'avait aucune valeur. Il ne faisait que caractériser une époque sombre de mon existence. Je n'étais pas née esclave et je ne vivrais pas en esclave. Au-delà d'une fierté, c'était une question d'intégrité. J'attachais alors un soin particulier à ma véritable identité : Lexmja Kielrhan. Ce qui causa certains conflits... J'avais vingt ans lorsque Reyliik, avec qui je n'avais finalement cessé de vivre, me demanda en mariage. Mais pour moi, il était hors de question que j'abandonne le nom que m'avait légué ma mère. Nous étions finalement tombé d'accord pour que je porte le nom de Bawshar-Kielrhan. Il me tournait autour en jouant le protecteur, le guide et le serviteur. Mais les choses eurent une tournure bien différente de ce à quoi je m'attendais... Alors que les premières semaines étaient pleines d'euphorie et de joie, notre relation se dégrada considérablement après deux lunes seulement. Il était hors de question que j'use de mes charmes pour nos missions et défendu que je m'approche
de n'importe quel autre homme en dehors de notre bande si cela n'était pas en lien avec nos activités. Je devais subvenir à ses besoins et à ses moindres désirs sans ciller ni contester. Je devais être le modèle que se fait tout Seznien pure souche d'une épouse. Après deux années, Reyliik en vint à user de violence envers moi pour me faire plier à sa volonté. Je l'aimais... alors au début, je me laissais faire. Je tombai enceinte de lui. Cela me terrifia. Je devais être heureuse de porter l'enfant de l'homme que j'aimais. Mais il n'en était rien. Alors je commençai à le provoquer, provoquer sa colère et sa rage pour qu'il me batte. L'effet escompté arriva : je perdis l'enfant.
Sa colère fut telle que je ne voyais plus que le monstre qu'il était réellement. Nos rapports étaient constamment conflictuels et je n'avais de cesse que de me débattre, peu m'importaient les coups, les blessures, les menaces.
Je n'avais rien à perdre. Bien que les autres du groupe restassent silencieux et neutres face à tout ça, la majeure partie me soutenait, cherchait à apaiser les tensions. Je m'étais particulièrement rapprochée d'Eihnor, un ami de longue date de Reyliik qui n'avait lui-même jamais soupçonné qu'une telle ardeur résidait dans le cœur de cet homme. Cette proximité flouait Reyliik qui décida de nous punir. Il invita Eihnor à dîner. Tout se passait
bien, jusqu'à ce que Reyliik n'évoque cette proximité. Eihnor se contenta de sourire et de lui expliquer que nous étions simplement confidents et qu'il serait stupide d'entrevoir autre
chose que de l'amitié entre nous. Mais la réponse déplut à Reyliik qui attaqua Eihnor. Une violente bagarre qui me tétanisa. C'était comme voir deux frères se déchirer l'un l'autre... Cela arriva à un tel point qu'Eihnor en devint agonisant. Face à cela, j'eus comme un sursaut d'inconscience : mon esprit n'agissait plus, il n'y avait que mon cerveau qui dirigeait mes gestes. Vivement, j'attrapai un couteau et le plantai à plusieurs reprises dans le dos de Reyliik qui, surprit autant que blessé par le combat, ne parvint à se défendre correctement. Couteau en main, je restai coite quelques instants. Eihnor encore agonisant... Je repris mes esprits et tentai de porter pour qu'il soit soigné. Mais il arrêta mon geste en me suppliant de le laisser. C'est dans mes bras qu'il échappa son dernier souffle...
L'altercation avait ébranlé les murs et rapidement, des gardes arrivèrent dans la maison. J'étais catatonique, les mains pleines du sang de Reyliik et d'Eihnor. Je fus emmenée, enfermée. Sans eau ni nourriture pendant trois jours dans des geôles insalubres, humides et froides. Lorsque j'avais remis les pieds dans la réalité, aucune larme ne s'échappa de mes yeux. J'étais... froide. Autant que l'étaient les pierres qui m'entouraient. On me questionna, mais je restai silencieuse. Pour m'encourager, on me tortura : tête dans l'eau, coups de fouet. Je finis par tomber... Entre ma captivité et l'enquête, les gardes Feu acceptèrent ma version des faits : je répondais coupable du meurtre de Reyliik qui lui-même avait tué Eihnor. Ils profitèrent de mon état pour me soutirer des informations sur des amis de Reyliik qu'ils soupçonnaient de tremper dans différentes affaires. Sous cette pression, la torture et l'épuisement, je leur donnai des informations sur la bande. Nos affaires de larcin, nos manigances. Ils se fichaient des détails, ils voulaient simplement des noms.
Je restai dans les geôles une année entière pour les crimes que j'avais commis. Mais pour ma coopération et le service rendu à la société, on m'accorda la liberté. Je devais me tenir à carreau, ne plus commettre de délits graves.
Sans quoi je passerai le reste de mes jours à croupir dans les oubliettes de Lucrezia. Au sortir de la prison, j'avais alors vingt-sept ans. Encore aujourd'hui, je me retourne dans la rue pour m'assurer que personne ne me suive. Méfiante, je crains qu'un jour on me tienne coupable de l'exécution des quatre autres membres de notre bande. J'étais la seule survivante, mais le réseau - bien que rudimentaire, nous n'étions pas des gros poissons dans le côté obscur de la ville et peu connus, à part des gardes - restait en place. Si quelqu'un venait à vouloir venger les âmes envolées, je serais alors une cible de choix...
+ Quel est l'impact des récents événements sur ta vie ?
Minimum 50 mots demandés
Je n'ai jamais vu autant de sang couler que lors du marché organisé... J'y tenais un étal présentant mes créations.
La journée s'était bien déroulée jusqu'à ces chars. Les cris, le bruit du fer qui s’entrechoquait, les flammes... J'ai tenté de protéger des personnes qui tentaient de fuir et cela m'a coûté quelques blessures. Mais j'en suis sortie saine et sauve, c'est l'essentiel. Cependant, j'y perdis mon maître et cela m'a mis un sacré coup... Depuis l'attaque et l'annonce du meurtre d'Osrian Thenkar, je me fais très discrète. Le départ des Air et des Terre de la ville laisse un grand sentiment de vide et une tension qui électrise l'atmosphère de tout Lucrezia. J'attends avec impatience que la lumière soit faite sur ces deux histoires afin de pouvoir respirer à nouveau calmement. Tant que les stigmates de cet opprobre resteront sans coupable, rien ne pourra avancer et ce climat perdurera.
+ Une dernière chose...
Ma rencontre avec Markal Thorm m'a fait reconsidérer l'intérêt de la famille. Me retrouvant seule, il m'arrive de plus en plus de me poser la question : à soixante ans, qu'est-ce que je pourrais regretter au point d'en être habitée par les remords comme l'était Markal ? Je me pose alors des questions sur mon père... et je commence à considérer que si le sort venait à me faire retrouver Nyris, ma mère, peut-être devrais-je songer à - si ce n'est lui pardonner - accepter ce qu'elle a fait, quelles que soient ses raisons. En Sezni, la famille n'a jamais eu de réelle importance. Mais pour moi, avec le temps, ça en a de plus en plus...
+ Et enfin, pour ce qui est du niveau de ton personnage :
Je souhaite avoir le niveau
3 car il est cohérent avec mon âge qui est de
35 ans et parce que
je n'ai jamais été entraînée sérieusement à utiliser mon don.