+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Ma région d’origine est Sterenn. J’ai grandi principalement à Arne et ses environs, tout en me rendant de temps en temps à Dahud. Mon père était souvent amené à se déplacer, et je l’accompagnais très souvent. En dehors des obligations, on partait souvent dans les hauteurs quand j’étais plus jeune et nous passions des heures sur le bord d’une corniche à observer les oiseaux voler. Tout en discutant du moment où nous pourrions le faire aussi à notre tour. Je me suis toujours senti libre dans les hauteurs, comme flottant au-dessus du monde et de son agitation. J’adorais aussi jouer dans la forêt dès que nous avions l’occasion d’y aller avec mon frère. Des parties de cache-cache ou des défis à celui qui arriverait premier sur un parcours.
C’est une région magnifique, même si c’est la seule que je connaisse véritablement. Et je ne l’ai jamais quitté. Même si Dahud possède certaines facettes intéressantes, et des lieux bien agréables, je me sens à ma place qu’au milieu des montagnes de Sterenn.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
J’ai toujours été proche de ma famille, et je le suis encore même si je les vois très peu depuis que ma sœur a atteint l’âge de quinze ans. Elle se compose aujourd’hui de mon père, ma mère et ma sœur cadette. Mon frère aîné est décédé pendant la cérémonie, deux ans avant que je ne la passe moi-même. Ce fut l’un des grands drames de la vie de mes parents, et c’est surtout ma mère qui a été le plus affectées par cette disparition… Mon père et moi nous en sommes mieux remis, ou peut-être que nous avons simplement enfoui nos sentiments au fond de nous pour soutenir ma mère et ma sœur.
Mon père était un soldat et un garde tout comme moi. Je le suivais toujours quand j’étais petit, et tentais d’apprendre tout ce qu’il pouvait me transmettre. Son sens du devoir et de l’honneur, ses compétences martiales… Un domaine dans lequel j’étais plus doué et assidu que mon frère. Nous avons toujours été proche, peut-être parce qu’il se retrouvait en moi.
Ma mère nous a élevé tous les trois, et vu les petits diables que nous étions, je la plains sincèrement. Pas facile de nous suivre ni même de nous faire obéir, bien qu’elle savait y faire lorsque c’était nécessaire. J’étais celui du milieu. Celui qui devait prendre exemple sur son aîné, mais qui était trop grand pour qu’on s’occupe véritablement de lui. La période la plus compliquée fut celle après la disparition de mon frère, où elle s’est montrée surprotectrice à mon égard. Aujourd’hui encore, j’ai l’impression qu’elle me considère comme un petit garçon.
Ma sœur cadette, arrivée huit ans après moi. Ce fut un choc de découvrir qu’elle était une Exempt, peu de temps avant la cérémonie… Mon père ne pouvait supporter l’idée de la voir devenir une esclave, et moi aussi. Officiellement elle est morte dans une crevasse en haute montagne lors d’une ascension en famille. Officieusement elle a changé d’identité et vit à l’écart du monde en compagnie de mes parents, dans les hauteurs. Nous la protégeons de notre mieux… et j’informe toujours mes parents de la venue de personnes vérifiant les tatouages dès que je le peux. Un fait rare au cœur des montagnes. Je ne la vois que rarement, mais nous communiquons beaucoup par courrier.
Il y a quatorze ans ma famille s’est agrandie avec mon mariage. Une jeune femme rencontrée lors de la cérémonie, où j’ai tenté de la rassurer tant elle semblait nerveuse et stressée à l’idée de la passer. Finalement après de longues années de relation en dent de scie, nous nous sommes mariés. Une union avec ses hauts et ses bas évidemment, mais nous sommes heureux. Nous avons bien failli nous séparer il y a cinq ans, quand elle a découvert des lettres de ma sœur et qu’elle a cru que je la trompais. Finalement je lui ai avoué mon secret, et aujourd’hui elle le porte avec moi… Cela nous a rapproché.
Depuis dix ans, nous sommes parents d’une petite fille. Un véritable petit diable, me rappelant moi à son âge tel que je m’en rappelle ou que mes parents me décrivent. Régulièrement je m’inquiète de savoir si elle sera une exempte comme ma sœur… et surtout qu’est-ce que je ferais. Aurais-je le courage de mon père ou non. En tout cas je ferais tout pour la protéger.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
En toute honnêteté je me plais à Sterenn et plus particulièrement à Arne. Après si on parle de visite ou de découverte, je dirais tout simplement toutes. Je suis curieux de voir les paysages des autres régions de mes propres yeux, et non au travers de description ou de croquis fait des artistes qu’on peut trouver à Dahud. Ce serait intéressant finalement d’en apprendre un peu plus, pour voir si la manière dont je vois et imagine les autres peuples est vraie ou faussée par des préjugés. Après je pense que Vainui ou Gorka seraient probablement plus agréables… Le désert de Sezni ne me tente pas du tout. Trop plat et trop désertique. Peut-être que je serais surpris si j’y mettais les pieds et que je reverrais mon jugement, mais pour le moment j’en reste à mes maigres connaissances dans ce domaine. Enfin pour le moment ce n’est pas à l’ordre du jour.
+ Quel est l'élément que tu haïs au plus haut point ? Pourquoi ?
Je ne pense pas que haïr soit le terme approprié. Une certaine méfiance et quelques préjugés envers les autres éléments seraient plus proches de la vérité, même si je tente de ne pas m’en tenir à ce genre de pensées. Ce n’est pas toujours facile de se départir des idées inculquées par notre éducation. Je n’aimerais pas être jugé ou considéré uniquement selon mon élément, même si nier qu’il a une importance dans mon comportement et ma vision des choses seraient un peu hypocrite, alors je tente de faire de même avec les autres. J’ai été éduqué dans la notion que la terre est l’élément contraire à l’air, et qu’il fallait se méfier du feu. Mon père se montrait plutôt loquace dans ce domaine, et théorisait beaucoup sur ce sujet… Honnêtement j’étais trop jeune pour vraiment tout comprendre son raisonnement, mais aujourd’hui quand j’y repense, j’ai plutôt envie de sourire tout simplement tant parfois cela semblait farfelu. L’eau a relativement été épargné dans ce domaine. Pour répondre à cette question, je dirais que mon père a influencé mes réactions dans ce domaine comme dans d’autres. Je me montre méfiant et probablement plus suspicieux envers des personnes maîtrisant la terre et le feu, même si je dois avouer que depuis le coup d’état, ces derniers sont probablement ceux en qui j’ai le moins confiance… Tous ceux que j’ai pu rencontrer m’ont toujours donné cette impression de vouloir tout contrôler et tout écraser sur leur passage. Et puis je garde un mauvais souvenir de l’épreuve du feu lors de la cérémonie, trop étouffant à mon goût… J’en ai encore des sueurs froides.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Ce n’est pas mon secret, mais cela reste un secret qui m’impacte. Ma sœur est une exempte, et j’aide mes parents à la cacher loin du monde pour éviter de la voir devenir une esclave. Ce fut un déchirement pour mes parents de le découvrir, et malgré l’honnêteté dont nous nous vantons mon père et moi, nous mentons sur ce sujet. La décision fut difficile à prendre, d’autant que personne ne pouvait en être sûr sur le moment… Mais mon père en était persuadé, car les Myran ont toujours développé le don hâtivement comme moi aux alentours de 13/14 ans. Et puis la mort de mon frère lors de la première épreuve a toujours étonné mes parents, qui pensent aujourd’hui que c’était un exempte lui aussi. Peu probable il était juste trop inquiet lui aussi, et a probablement voulu impressionner notre père en tentant de faire plus que ce qu’il était capable d’accomplir. En tout cas ce secret est une trahison… et j’en suis conscient. Cela me pèse, d’autant que j’ai impliqué mon épouse dans ce secret. Mais il s’agit de ma sœur, et je ne pourrais jamais lui faire du mal ou la mettre en danger volontairement. Je n’aurais jamais supporté de la voir être mise en esclavage… Et puis c’était la chose la plus honorable à faire.
Ils vivent tous les trois au cœur des Montagnes à l’abri des regards, et pour se protéger ma sœur a même changé d’identité. Je les préviens d’éventuels contrôles dès que je le peux, et leur rend visite de temps en temps. Mon père a quitté sa vie de soldat pour devenir un simple fermier… Il a utilisé la mort officielle de ma sœur, et donc la perte d’un deuxième enfant comme raison pour cette décision. Tout le monde a accepté cette situation tout simplement.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Je suis un garde. Un soldat plus précisément même si j’officie principalement à Arne pour protéger la cité et notre gouvernement… Bien que ce ne soit pas forcément nécessaire en réalité. Nous ne sommes pas en guerre ni en conflit. Mais un dirigeant doit toujours être protégé, afin d’assurer la sécurité et la pérennité de la région. C’est ainsi que mon père m’a élevé, et je prends très à cœur mes fonctions. C’est un rôle important et il représente toute ma vie.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Hum… Si j’étais persuadé de l’innocence de la victime, je pense que j’interviendrais pour lui sauver la vie et demander un autre jugement. Il est difficile de rester sans rien faire quand on assiste à une injustice. En tout cas mes parents m’ont élevé dans ses valeurs et je compte bien les honorer. Mais encore une fois, il faudrait que je sois persuadé et convaincu de l’innocence du pauvre bougre et je serais prêt à assumer les conséquences de cet acte si nécessaire. J’ai confiance en notre système judiciaire, mais les hommes restent faillibles et il faut être vigilant.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Je n’y ai jamais vraiment pensé jusqu’à présent. Cette séparation a toujours existé, et on me l’a toujours présenté comme quelque chose d’acquis. Que ce soit normal ou non je n’en sais rien. Je me dis que la base de cette décision doit avoir un fondement quelconque, peut-être que c’était le meilleur choix à l’époque où la décision a été prise… Peut-être était-ce une erreur. La situation est comme ça à présent, et nous devons faire avec tout simplement. De toute manière vu notre éducation et cette longue histoire de séparation, je ne pense pas qu’on pourra changer ou modifier les mœurs très rapidement. Dahud semble être une réussite pour le moment, ce qui permet de faire évoluer certaines choses sans pour autant affirmer que la séparation finira par être rompue. Je suis parfaitement incapable de dire si c’est normal ou contre-nature et je n’ai probablement pas le recul nécessaire pour fournir cette réponse.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
Mon père disait souvent qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Je pense qu’une rumeur ou une légende part toujours d’un élément réel… Est-ce que l’élément matière existe ? Probablement. Est-ce qu’il est tel qu’on le définit ? Pas forcément. Après ce serait intéressant de le voir à l’œuvre véritablement, et cela apporterait peut-être une autre vision des dons et de l’appartenance. Mais pour le moment ce n’est qu’une légende si l’on croit les versions officielles, et que j’y crois ou non ne change rien sur son existence ou non dans notre monde. Seul l’avenir nous le dira…
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
Si je devais m’opposer à quelque chose, ce serait l’esclavage. Par égard pour ma sœur. Tant que je n’étais pas touché directement, cela me semblait être une situation normale. Ils sont plus faibles et ne possèdent aucun don utile… Mais maintenant que je suis confronté à la réalité de la chose, je me dis que c’est injuste de punir une personne pour n’avoir pas eu de chances à la naissance. Evidemment je ne suis pas fou, et pour le moment ce n’est qu’une idée au fond de mon esprit. En parler me faudrait des suspicions et je mettrais en danger ma famille. Mais si une opportunité se présentait… Une vraie chance de faire bouger les choses, je tenterais ma chance et me battrais pour modifier cette condition.
La famille. C’est une valeur que je défendrais toujours. Bien que je le mettrais au sens large, et ne me cantonnerait pas aux seuls liens du sang. Je pense que c’est inutile de donner les raisons derrière cette pensée, vu que mes actes parlent d’eux-mêmes. Une famille doit pouvoir compter sur chaque membre, et doit se soutenir en toutes circonstances.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
«
Ta sœur est une exempte »
Ces paroles m’ont marqué et me marquent encore aujourd’hui. Elles m’inquiètent pour l’avenir autant celui de ma sœur que celui de ma fille. Je revenais d’une journée de travail, fatigué et éreinté. Mon père se trouvait sur le pas de ma porte, et m’attendait visiblement. Son visage était grave. Autant dire que cela ne rassurait pas du tout sur la suite de la conversation. Cette phrase fut ses premiers mots. Je le regardais avec étonnement, et attendait plus d’explication… Il me fallut quelques secondes avant de remarquer que nous étions encore dans la rue. Je le fis entrer dans le plus grand silence et nous nous installâmes à table. L’atmosphère était pesante et lourde. Je préférais ne pas dire un mot, et attendre simplement qu’il s’explique. Au début son discours fut étrange, un peu comme lorsqu’il philosophait sur la séparation des éléments. D’abord perplexe, je finis par me détendre et lâchais simplement un petit sourire. J’ai tenté de la rassurer._ «
Elle a encore six mois avant la cérémonie… Pas la peine de s’inquiéter voyons. Je sais que ça ne s’est pas bien passé pour … »
Je m’arrêtais là, préférant ne pas prononcer le prénom de mon frère. «
Mais bon ça ira pour elle. Et puis comment peux-tu en être sûr ? »
_ «
Parce que nous avons tenté de la préparer, de lui faire passer notre version des épreuves afin de vérifier. Ta mère est persuadée que ton frère était exempte, et que ta sœur l’est aussi. »
Un profond soupir fut ma première réponse. Mon père reprit son discours tentant de justifier son argumentaire. La nuit me parut longue, et le lendemain je pris un jour de repos pour me rendre dans la demeure familiale. Ce n’était pas une grande maison, mais elle était chaleureuse et confortable. J’ai tenté de calmer tout le monde, de minimiser cette panique qui touchait tout le monde et qui commençait à m’inquiéter aussi. Nous avons longuement discuté, et nous avons pris la décision de partir quelques jours en famille pour tester. Je souhaitais rassurer mes parents, et cela me semblait être la meilleure décision à prendre. Finalement c’est peut-être ce qui a sauvé ma sœur. Une sortie en famille toute simple, comme nous le faisons régulièrement. Gravir les montagnes, nous promener en montagne. Mon père avait préparé sa propre idée d’un parcours pour ma sœur. Comme si il tentait de préparer sa propre cérémonie de passage. Ce furent trois jours extrêmement longs. Je ne voulais pas y croire, mais il fut évident que ma sœur n’avait aucune aptitude particulièrement. Elle avait toujours été fragile… Je souhaitais attendre encore un peu. Elle avait six mois avant la cérémonie, peut-être que son don se déclencherait plus tard. Mais ma mère était persuadée. Elle parlait d’instinct maternel et ressasser l’histoire de mon frère. Mon père finit par céder, et c’est lui qui lança cette idée._ «
Faisons la passer pour morte, et retirons nous dans les montagnes. Il existe des coins éloignés de toute civilisation. »
Je n’ose même pas imaginer ma tête, mais elle devait ressembler beaucoup à celle de ma sœur. Ma mère sembla soulager par cette idée. Cela me semblait hâtif, et puis ce serait une trahison envers notre peuple et les lois. Nous allions mentir à tous nos amis et nos proches. Mentir au gouvernement. Mon père semblait décidé… et je remercie le ciel aujourd’hui qu’il ne m’ait pas écouté, sinon ma sœur serait au service d’une personne quelconque. Le plan était simple. Les montagnes, avec leur crevasse et leur sentier parfois inaccessible même pour nous, permettrait de créer des conditions idéales selon mon père. Nous avons tous mis en scène. Mon père nous dit même qu’il pourrait toujours la faire revenir d’entre les morts si nécessaire, que les explications seraient faciles fournir si son don se révélait finalement. Mais il n’était même pas convaincu. Je préfère ne plus penser à cet évènement. Mais je me souviens des adieux avec ma sœur… comme si nous n’allions plus nous revoir. Ce qui est un peu le cas puisque je ne la vois que tous les deux ou trois ans quand je rends visite à mes parents.
C’est un souvenir marquant, et j’admire la force de caractère de mon père ce jour-là. Il a tout prix en main, me donnant une dernière leçon finalement. L’importance de la famille.+ Une dernière chose...
Kilian passe beaucoup de temps à maîtriser son don, autant par envie que par nécessité. C’est aussi un guerrier accompli, entraîné par son père dès son plus jeune âge en même temps que son frère.
+ Et enfin, pour ce qui est du niveau de ton personnage :
Je souhaite avoir le niveau
6 car il est cohérent avec mon âge qui est de
39 ans et parce que
la lévitation c’est trop cool et que j’ai qu’un an de moins que l’âge requis. Plus sérieusement c’est que Kilian est un soldat et il s’est beaucoup entraîné à maîtriser son don tout au long de sa vie. Il me semblerait logique qu’il soit au moins six pour avoir un tout petit peu d’avance.