+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Tu es né dans la région qui accueille les tiens depuis des centaines d’années. Tu as grandi dans la chaleur sèche et aride, sous le soleil de plomb du désert de Sezni, comme tous tes ancêtres avant toi. Les rues ombragées d’Inaki ont vu tes joies et tes peines au fil des ans. À vrai dire, c’est dans la majestueuse ville des maîtres du Feu que tu as passé ton enfance et ta vie de jeune adulte. Ta famille ayant toujours été fort influente, un véritable pilier au sein du gouvernement Seznien, il aurait été surprenant qu’il en soit autrement. Même alors que la monarchie régnait au sein du désert rouge, les Ergorn étaient omniprésents parmi les nobles qui fréquentaient le Palace d’Inaki. C’est dans l’ombre de cette construction magnifique que tu as passé ton enfance et ton adolescence.
Après ton mariage, qui a été écourté beaucoup plus tôt que prévu, ton père a tenu à ce que tu demeures près de lui, ce que tu as fait pendant quelques années, mais tu as fini par quitter Inaki pour de t’intégrer dans l’univers politique de Dahud, à la demande du roi. C’est là que tu te trouves depuis presque 10 ans maintenant.
Après le coup d’état mené par Sven Ramose, qui a conquis le Sud et a placé ton père dans la chaise du Représentant en Chef du peuple du Feu dans la cité reine, tu as quitté ton intimité à contrecœur, et tu vis maintenant dans le Palais des Feu, parmi les tiens. La richesse de ta famille t’a permis d’acquérir plusieurs demeures dans la cité reine et tu aimes encore t’y retirer de temps en temps, toi qui n’est plus accoutumé de côtoyer tes frères et ton père aussi souvent, mais tu reviendras toujours près d’eux. Tu as l’intention de profiter de ton statut au sein de la famille Ergorn pour faire valoir ton point de vue, tes opinions et les valeurs qui devraient, selon toi, régir les relations entre les différents éléments.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Il est difficile de définir ou même de décrire le lien que tu entretiens avec ta famille. Les Ergorn sont froidement respectés par les autres familles de Représentants et n’ont pas l’amour de leur propre peuple dans la ville de Lucrezia, contrairement à toi, qui est dans la région depuis plusieurs années. Votre famille, même si elle semble parfaite en apparence, même si elle apparaît comme un clan uni face au peuple, comme une dynastie noble et soudée, connaît son lot de disputes et de frictions. Tu te trouves souvent au centre de la controverse. Ton père, Karam, est un homme froid, autoritaire et imposant. Tu le respectes en n’allant jamais à l’encontre de ce qu’il t’ordonnes, et ce, même s’il n’a jamais démontré d’amour ni envers toi, ni envers ta mère, tes frères ou ta sœur. Tu as une certaine admiration pour son esprit stratégique et sa fidélité qui lui ont permis de hisser votre famille là où elle se trouve aujourd’hui, mais en même temps, tout au fond de toi, tu éprouves pour lui une grande haine… Tout comme tu détestes tes frères. Parce qu’ils sont trop conservateurs, inflexibles et fermés. Tu hais ton père parce qu’il a renié ta sœur aînée pour la simple raison qu’elle est née avec le mauvais sexe entre les jambes. Tu hais tes frères pour cette même répulsion qu’ils ont face à leurs filles. Tu es presque sûr que s’il pouvait faire les choses comme il le voulait, ton père aurait depuis longtemps placé ton frère aîné à la place de ta mère.
Parce que les femmes n’ont pas leur place en politique, comme il le dirait si bien.
Par contre, tu es très attaché à ta mère, Ahankh. C’est probablement la femme la plus magnifique que tu connaisses. Sa ténacité et son maintien t’impressionnent. Bien qu’elle se soit toujours pliée aux quatre volontés de ton paternel, bien qu’elle fusse une femme soumise, elle a su être bonne pour toi. Elle n’a jamais eu de mal à comprendre tes besoins et des envies. Elle a su calmer tous tes chagrins et rassurer toutes tes peurs. C’est d’ailleurs elle qui a choisi les épouses de ses fils. Dans ton cas, elle avait bien choisi. Même si les dieux en avaient voulu autrement… Si ton père te demandait de nommer une seule raison pour laquelle tu te trouvais parmi eux malgré tes opinions divergentes, ce serait bien elle. Elle et les autres femmes de ton entourage. Tes belles-sœurs et tes nièces…
Tu ne connais pas beaucoup ta sœur. Hetepheres a été reniée par votre père presque dès sa naissance. Tu as longtemps même ignoré le fait que tu avais une sœur aînée. Vous vous êtes croisés à quelques reprises dans les dernières années. Comme ta mère, Hetepheres est d’une grande beauté. Tu aurais aimé apprendre à la connaître et pouvoir te rapprocher d’elle, mais tu as l’impression qu’elle t’en voudra toujours d’être un homme alors qu’elle n’est qu’une femme…
Tes liens avec tes frères aînés sont difficiles. Tu les as longtemps aimés. Après tout, ce sont très frères… mais en vieillissant, Khorde et Nove ont changé pour devenir des copies conformes de votre père. Méprisants à l’égard des femmes qui les entourent et envers toutes les personnes qui ne maîtrisent pas le feu comme eux, tu aurais voulu qu’ils voient les choses différemment. Inconditionnellement fidèles à ton père, ils sont demeurés dans le sud alors que tu es allé vivre dans cette terre de tolérance qu’est Dahud. Lorsque tu les as retrouvés, lorsque tu as dû recommencer à vivre sous le même toit qu’eux, tu as été outré par la façon dont il traitent leurs épouses, Kara et Jynn. Tu as toi-même perdu la femme qui avait uni sa vie à la tienne, une femme douce et aimante dont tu étais devenu très proche après seulement deux ans de mariage. Tu crois que tes frères devraient respecter les femmes qui partagent leurs vies et qui ont porté leurs enfants en elles. Après près de vingt ans de vie commune, tu ne comprends pas qu’un homme ait ce genre de comportement envers son épouse. D’ailleurs, tu admires le courage et la révolte de tes nièces et de ton plus jeune neveu, ayant même acquis une certaine proximité avec la plus âgée, Lyntha, qui n’hésite pas à protéger sa mère des coups de ton frère.
Contrairement au reste de ta famille, tu entretiens des liens d’amitié avec des représentants d’autres peuples. Tu t’intéresses à eux, à leur façon de vivre, à leurs capacités et au bien-être de leur peuple. Plusieurs croient que tu as les mêmes motivations que le reste de ta famille, que cette ouverture d’esprit dont tu fais preuve n’est qu’une ruse pour déceler les faiblesses des autres familles, et ça t’attriste profondément.
Finalement, tu désapprouves la façon dont les Ergorn ont acquis leur pouvoir à Dahud. Très proche de l’ancienne famille de représentants, tu te comptes chanceux de ne pas avoir péri aux mains des assassins envoyés par Ramose. Tu ne soutiens pas les plans de conquête de Sven Ramose comme le reste de ta famille. Tu ne crois pas que les autres peuples devraient être persécutés ou anéantis. Au contraire, tu crois que la coalition des différents peuples est ce qui vous rendra plus forts. On t’a gardé au sein de la famille parce que tu es un homme et parce que ta mère s’est opposée à ta destitution. On apprécie également tes qualités de diplomate, se servant fréquemment de toi comme messager entre les différentes familles dahudiennes. Dans les premières années, tu te gardais de formuler ton opinion, craignant les représailles de ton père et du dictateur, mais depuis que tu as découvert la façon dont tes frères traitent leurs épouses, depuis que tu as compris que ton père et tes frères n’éprouvaient aucun remords quant à la façon dont ils avaient atterri parmi les représentants, tu as du mal à rester de glace. Si tu es toujours là, c’est parce qu’on craint créer un scandale en t’assassinant. Toi qui est convaincu que les représentants devraient être des personnes tolérantes et ouvertes, tu ne vois pas Khorde comme un bon prospect pour représenter ton peuple. Si un malheur arrivait aux hommes de ta famille, tu ne verserais probablement pas une larme.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
Tu as passé ton enfance et ton adolescence à Sezni, dans la magnifique ville d’Inaki. Ta vie d’adulte, tu l’as construite dans le sud de Lucrezia où tu as acquis plusieurs magnifiques demeures. Curieux de nature, tu aimes questionner les gens sur leur terre d’origine et tu aimes imaginer ce que serait ta vie dans les autres régions qui t’ont été décrites. Étant accoutumé à une température chaleureuse et à des villes très vivantes, tu ne pourrais probablement pas vivre à Vainui, même si tu aimerais visiter ce coin de pays un jour, la glace et la neige étant des concepts qui te sont presque étrangers.
Après mûre réflexion, si tu avais à choisir un endroit précis où t’établir (autre que Sezni ou Dahud et nonobstant les désirs de ton père et tes obligations, tant envers ta famille qu’envers ton peuple), tu aurais probablement fini par vivre sur les terres de Gorka. Fervent adorateur de vin, c’est sans doute dans cette région aux terres riches et luxuriantes que tu construirais ta demeure. Parce que si la politique ne t’enchaînait pas à la cité reine, à Dahud, tu posséderais plutôt un vignoble où tu travaillerais pendant la saison estivale et tu voyagerais sur les terres d’Oranda pour faire connaître le fruit de ton travail lorsque la saison des cultures serait terminée. C’est un rêve qui ne se réalisera probablement jamais, parce que ta famille est là pour rester et tu es marié à la politique comme certains sont mariés à leur religion.
+ Quel est l'élément que tu haïs au plus haut point ? Pourquoi ?
Tu ne connais pas de haine pour les gens simplement parce qu’ils ne te ressemblent pas. C’est ce qui te diffère tellement du reste de ta famille… Toi, tu crois que chacun des éléments se complète mutuellement, et que tous existent pour une raison bien précise. Même les anomalies que sont les Exempts ou les personnes qui ont en eux deux éléments, ne relèvent pas du hasard, parce que les dieux ne laissent rien arriver sans raison.
À vrai dire, les pires personnes qu’il t’ait été donné de rencontrer depuis ta naissance, depuis ta tendre enfance, ce ne sont ni des Eau, des Exempts, des Air ou des Terre… Ce sont plutôt des représentants de ton propre peuple. Peut-être est-ce dû au fait qu’ils maîtrisent un élément particulièrement indomptable. Il est vrai qu’il est difficile de ne pas laisser une telle puissance monter à la tête d’une personne… Peut-être que ce sont les valeurs véhiculées par les familles de ton peuple. Depuis ton arrivée à Dahud, tu as vu des hommes fréquenter d’autres femmes et des femmes respectables ont tenté de te séduire sans chercher à avoir de toi plus que ton corps, quelques instants de plaisir. Ce ne sont pas des choses courantes dans le désert d’où tu viens. Les Feu sont beaucoup plus…
conservateurs. Ou bien peut-être que ce n’est qu’une simple coïncidence, mais tu as remarqué que plusieurs des tiens, dont ton père, tes frères et le plus âgé de tes neveux, n’hésitent pas à abuser de leur puissance contre les plus faibles. Et ça… c’est
ça qui fait monter une haine et une colère terribles en toi.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Les Ergorn ne seraient pas ce qu’ils sont aujourd’hui sans leurs précieux secrets. Tu ne fais pas exception à la règle. Comme tes frères et ta mère, tu portes certains secrets familiaux que tu emporteras dans la tombe (à moins, bien sûr, d’avoir une bonne raison de les révéler, ce qui vous mettrait tous en danger). Tu les portes comme un fardeau qui ne partira jamais. Mais ton plus grand secret, c’est un secret très noir qui a, jusqu’ici, empêché ton cœur d’aimer à nouveau. Il concerne ta belle et jeune épouse : Ashara. Tu as raconté à tous qu’un étrange mal l’a emportée en quelques heures à peine. Avec les années, tu t’es presque convaincu toi-même de cette version des faits…
C’était un secret qu’elle avait elle-même tenté très fort de cacher… Pendant plusieurs mois, elle avait sembler changer lentement. Et tu avais fini par découvrir son secret… Elle était une anomalie. Un deuxième tatouage, très discret, s’était manifesté sur son avant-bras, juste sous celui de votre peuple. Tu avais alors compris pourquoi son don de feu était devenu aussi puissant dans les derniers mois : l’Air était en elle. Tu lui avais promis de garder son secret, tu l’aimais plus que tout, mais elle s’est enlevé la vie quelques semaines plus tard.
Le fait que ton père ait choisi de ne pas unir ta vie à celle d’une autre femme, que ce soit par crainte de voir leurs secrets exposés ou par manque d’épouses respectables, ne te dérange aucunement. Parce qu’Ashara est toujours restée dans ton cœur. C’est grâce à elle que tu t’es ouvert aux autres peuples… Après sa mort, tu as eu envie d’apprendre à connaître des gens de partout, à comprendre les autres éléments. Tu as eu envie de faire comprendre aux gens qu’il n’était pas normal de stigmatiser les anomalies de cette façon. Elle t’a fait cadeau de ta plus belle qualité, qui est, pour ta famille, ton plus grand défaut, ta plus grande faiblesse : ton ouverture d’esprit.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Tu es un policien. Ta spécialité, c’est la diplomatie. Avant la montée au pouvoir de Ramose, tu habitais Lucrezia où tu travaillais comme conseiller, à la demande de l’ancien roi de Sezni. Tu assistais aux discussions entre les représentants feu et ceux des autres nations et tu portais les missives à Sezni lorsque c’était nécessaire. Le coup d’état est survenu alors que tu étais en déplacement. Tu as été chanceux d’échapper à l’assassinat de tes collègues. Suite aux événements, ton père t’a réclamé auprès de lui.
Depuis que Karam et Ahankh sont devenus les représentants de ton peuple, tu vis avec eux dans le palace des représentants feu. Tu fais partie des conseillers, tu participes aux discussions entre les représentants, tu portes les messages de ton père aux autres familles et tu négocies parfois certaines ententes pour lui, mais en privé, tu es le mouton noir de la famille, celui qu’on ne garde que pour éviter les scandales. C’est un mal pour un bien, parce que ta position te permet de formuler tes opinions, mais on te fait sentir comme un véritable paria. Tu as également conservé ton rôle d’agent de liaison avec le sud. Karam semble éprouver un malin plaisir à t’y envoyer dès qu’il ne veut pas que tu assistes à certaines assemblées… Comme tu tiens à ta vie, tu te plies à ses désirs.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Tout dépend évidemment du contexte. Tu n’as pas l’habitude à t’opposer aux décision des grands de ce monde. Par contre, si tu voyais des civils sur le point d’exécuter une personne, innocente ou pas, tu t’interposerais certainement. À vrai dire, lorsque tu vois de simple citoyens du peuple tenter de faire la loi dans les rues de Dahud, tu n’hésites pas à utiliser ton don et à leur laisser clairement savoir qu’ils ne sont pas de ceux qui décident de la vie ou de la mort d’autrui. Par contre, une mise à mort ordonnée par les représentants, le dictateur, le roi ou les présidents te verra totalement impassible. Tu as foi en la justice, même si tu n’es pas d’accord avec le fait que les systèmes gouvernementaux soient si différents d’une région à l’autre.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
C’est un mal nécessaire. Évidemment, tu es de ceux qui ont une grande ouverture d’esprit et une grande envie de te mêler au peuple d’Oranda tout entier. Tu crois que tous ont un rôle au sein du monde qui vous entoure, mais les gens ne voient pas tous les choses de la même manière. En effet, tu sais que l’humain est conçu pour se méfier de ce qu’il ne connaît pas. Il est donc humainement impossible pour les différents peuples de se côtoyer chaque jour sans que la guerre ne finisse par éclater. C’est d’ailleurs pour cette raison que les représentants existent. Tu crois, personnellement, que les représentants devraient tous être des personnes aussi ouvertes d’esprit que tu l’es toi-même. Ça faciliterait beaucoup les choses.
Un monde où les différents systèmes qui existent dans chaque région seraient abolis est ce qui te semble le plus logique. Tu crois que le peuple devrait élire des représentants, comme ceux qui se trouvent à Dahud, afin que tous puissent vivre en harmonie. Il n’est pas logique selon toi de fermer ainsi les frontières. Instinctivement, les gens vivent entre eux, mais une division aussi totalitaire n’est pas nécessaire.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
On dit que Ramose les étudie. Si tu sais bien une chose au sujet de ce grand maître du feu, c’est qu’il n’est pas menteur. Charismatique, certes. Mais menteur, jamais. S’il prétend les étudier, c’est qu’ils doivent exister. Tu ne sais pas si tu crois tout ce qu’on raconte à leur sujet, par contre. Peut-être finiras-tu par rencontrer l’un d’entre eux pour réussir à te faire une idée plus précise sur la question.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
Probablement le respect et l’égalité entre les hommes et les femmes. Tu as trop souvent vu tes frères lever la main sur leurs épouses. Quand tu te rappelles ton Ashara – cette femme qui a fait de toi un homme meilleur, une personne tolérante, aimante et ouverte à la différence avant que tu ne la perdes, bien trop vite à ton goût –, tu n’arrives pas à comprendre comment un homme puisse lever la main sur la femme qui partage son lit, porte ses enfants, répare ses vêtements et écoute chacun de ses soucis attentivement. S’il y a une chose qui t’attriste particulièrement par rapport à ton peuple, ce sont bien les rapports qui existent entre les hommes et les femmes, surtout dans le désert de Sezni. Pourquoi les femmes devraient-elles se contenter d’appartenir à leur mari, leur père ou leur frère ? Pourquoi devraient-elles valoir aussi peu qu’un animal domestique ? N’ont-elles pas leur volonté propre ? Ne sont-elles pas des personnes à part entière ? Tu as d’ailleurs du mal à fréquenter la plupart des femmes de ton peuple qui sont trop soumises à ton goût. Les rapports entre un homme et son épouse devraient être d’égalité.
Une autre idée que tu serais porté à défendre, c’est l’égalité et la coopération entre les éléments. Même si la séparation est nécessaire pour l’instant, tu crois qu’il serait possible, éventuellement, d’éliminer peu à peu les frontières entre les différentes régions, d’éliminer la séparation entre les éléments. Ce concept est tellement ancré dans chacun des peuples qu’il est difficile de se côtoyer, même à Dahud, mais si on apprenait aux enfants que tous sont égaux, lentement, mais sûrement, les éléments pourraient vivre harmonieusement.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
Difficile d’oublier cette première rencontre avec elle. Du haut de tes 18 ans, tu avais du mal à accepter la décision prise par ton père. Tu t’étais toujours imaginé qu’étant le cadet, tu échapperais à un mariage arrangé comme ceux que tes frères s’étaient vus imposer. C’est donc à contrecœur que tu avais enfourché ta monture pour quitter la magnifique demeure des Ergorn à Inaki. Le voyage jusqu’à Dahud en compagnie de ton père et de Nove ne te faisait pas envie. Tu n’étais plus allé dans ce coin d’Oranda qu’une fois, à tes 15 ans, quand tu avais dû aller passer ton test. Une pure perte de temps, à ton avis, puisque tu savais depuis longtemps qui tu étais. Les Ergorn étaient Feu. Il n’en serait jamais autrement. Tu avais beau être très différent de tes frères et ton père, tu n’en étais pas moins un Ergorn. Tu ne faisais pas exception.
La cité reine était aussi belle que dans tes souvenirs. Peut-être même plus majestueuse encore que la dernière fois que tu t’y étais rendu. Vous aviez déambulé dans les rues jusqu’au sud de la cité où vous étiez entrés dans la cour d’une maison gigantesque. Et près de son père et de sa mère, il y avait
elle. Ashara... Jamais tu n’avais vu d’aussi belle femme. Une véritable princesse du désert avec sa longue chevelure d’ébène qui cascadait entre ses reins, son regard clair comme le ciel bordé de longs cils aussi noirs que la nuit et sa peau de satin, un peu plus claire que la tienne. Et alors que vos pères discutaient, tu observais son magnifique sourire et ce regard qui te dévisageait avec une franchise et une honnêtement désarmants. Par la suite, tu avais eu l’occasion de passer de longs moments avec elle. Et au fil de vos conversations, tu avais appris qu’Ashara était une femme de conviction. À la fois douce, téméraire et impulsive, elle n’hésitait pas à te tenir tête lorsqu’elle en ressentait le besoin.
Et vous avez uni vos vies quelques mois plus tard, au cours d’une magnifique cérémonie dans le temple de Malaggar. Ce fut le début de deux années de bonheur dans votre petite maison tout près de celle de ton père et de ta mère. Ashara et toi étiez comme deux parties du même être, presqu’en symbiose.
Un jour, tu as remarqué que son comportement avait changé. Elle semblait nerveuse, sur ses gardes. Elle dormait mal et ne mangeait presque plus. À plusieurs reprises, elle avait créé des flammes assez intenses qu’elle ne parvenait pas à contrôler. Alors qu’elle était endormie près de toi, tu as aperçu cette étrange marque sur son avant-bras… tout près de celle qui indiquait son appartenance à votre peuple. Et tu l’avais reconnue, cette marque. Celle du peuple de l’Air. Tu l’as soutenue, tu as tenté de l’épauler, mais tu voyais bien qu’elle n’étais plus celle qu’elle était…
C’est arrivé un jour où tu avais dû quitter la maison pour te rendre au palace. À l’époque où la famille royale régnait toujours. Alors que tu étais sur le chemin du retour, un de tes serviteurs t’avait rattrapé et t’avais entraîné vers ta demeure. En panique, il tenait un discours incompréhensible. Si bien que tu n’avais réalisé ce qui se passait que lorsque tu avais vu son corps étendu dans le hall d’entrée. Le désespoir t’avait instantanément submergé. Et depuis, malgré les quinze années qui sont passées, il ne t’a jamais véritablement quitté…
+ Une dernière chose...
Il s’agit d’un honneur pour moi de devenir le premier DC d’Oranda. J’espère passe de nombreux mois parmi vous ! Je vous aime très fort