+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Tout ce dont je me souviens c'est que je viens de la région de Sezni mais je ne sais plus quelle ville exactement. Pour un vagabond amnésique mais étonnamment doué pour l'art martial et l'épée, il n'y a pas vraiment d'autre métier que mercenaire. Je comptais également sur ce travail pour vagabonder et me tisser un réseau qui un jour je l'espère, saura me donner les réponses que je cherches. J'ai quitté alors Sezni et me suis rendu à Dahud, afin de protéger un Feu aristocrate durant son voyage. J'ai décidé d'y rester un moment afin de glaner quelques informations.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Tout est flou depuis 4 ans où je me suis reveillé à moitié mort dans la boue et la crasse. Un tatouage au henné sur ma poitrine, un tatouage Feu sur l'avant bras, et des stigmates de brûlure me recouvrant une partie du visage, sont les seuls témoins de ma vie passé. Les personnes qui auraient pu être proches de moi, le sont-elles encore ? Sont-elles même encore vivantes ?
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
N'importe où tant que je retrouve des bribes de mon passé. Tant que je ne sais pas qui je suis réellement et pourquoi tout ça m'est arrivé, je n'aurais pas de projet d'installation.
Je me rappelle néanmoins certains paysages, comme des tableaux, dans mon esprit. Peut être qu'au cours de ma quête d'identité je retrouverais ces paysages montagneux au soleil levant, ces forêts où en pleine nuit j'avais peur des cris des animaux de la forêt. Est ce une vue de l'esprit ou un vrai fragment de ma mémoire lorsque j'entends mon père me dire : "n'ait pas peur ! C'est le cri d'un lapin adulte ça ! Peut-être même un bébé lapin !".
+ Quel est l'élément dont tu te méfies au plus haut point ? Pourquoi ?
Paradoxalement, c'est mon élément, le Feu, qui me terrifie le plus. Quand je me suis réveillé, laissé pour mort, les brûlures suintaient et cuisaient encore ma chair, les cloques parsemaient mon visage tuméfié. Seul une personne maîtrisant cet élément avait pu me faire ça... Depuis l'attaque des Extremistes Eau, je ne peux pas dire que c'est un élément cher à mon coeur également. C'est d'ailleurs assez amusant que les deux éléments les plus aux antipodes l'un de l'autre soit ceux que je déteste le plus.
Quant aux Airs et aux Terres, ma foi aucun souvenir ne s'émanent d'eux. Peut être n'en connaissais-je aucun. Non sans un côté taquin je dirais que les Airs brassent du vent. Les terres cependant m'intriguent. Leur force et leurs pouvoirs doivent-être immense.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Lors de mon réveil, un peu comme une deuxième naissance, il me fallait un patronyme, personne aux alentours ne pouvait me renseigné sur qui j'étais. Et après tout je peux le comprendre, une personne fraichement défiguré, vétu de haillon et divagant ne peut être pris au sérieux. Pendant mon vagabondage, je suis tombé sur une pile de livre qui jonchait le sol sous un pont. J'ai ramassé le premier qui venait. Je savais toujours lire, c'était déjà ça. L'histoire n'était pas des plus palpitante, elle parlait d'une jeune créature qui trouva un jour un anneau magique et devait le détruire dans un volcan, un voyage qui aurait été rempli de danger s'il n'y avait pas eu perpetuellement la présence d'aigle immense et surpuissant le sauvant à tout bout de champs. Bref, le livre avait été écrit par un certain Vigo Mordred, au vu de l'impopularité de son oeuvre, je me suis dit qu'emprunter son nom ne génerait personne...
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Je suis un mercenaire. On me paie, je le fais. Quoi exactement ? Tout ce qui peut apporter des deniers ou des informations mais dans les limites morales que je me fixe. Et ces limites dépendent énormément d'où je vais dormir le soir, ou de ce que j'ai mangé le midi.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Tout le monde doit mourir un jour, et la justice n'est que la forme endimanchée de la vengeance. Quant à l'innocence elle n'existe pas, il n'y a que des degrés de culpabilité. Lorsque je trouverais les réponses à mes questions, lorsque je trouverais la personne qui m'a fait ça, elle mourra ou je mourrai, justice sera dans tout les cas faite. Lors de l'attaque de Dahud j'ai néanmoins défendu les rescapés d'une auberge, pas parce qu'ils le meritaient, pas parce qu'ils étaient cher à mon coeur, mais parce que les Eaux attaquaient cet endroit.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Je trouve ça normal, Dahud et le confluent des élements et on voit bien ce qui se passe lorsque des Extremistes Eau décident de passer à l'action ...
Je ne sais pas ce que mon moi du passé en pensait, mais celui de maintenant est assez sectaire, chacun chez soi et les poules seront bien gardés. Les humains savent très bien s'en mettre plein la tête, inutile de donner une raison en plus en mélangeant des cultures et des mœurs différentes.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
Malgré mon amnésie certaines choses restent. Et je sais que je n'ai jamais cru en l'existence d'un autre élement que la terre, le feu, l'eau et l'air.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
J'espère retrouvé un jour mes aspirations et plus généralement mon moi passé au fur et à mesure des informations que je glanerai de ci de la. En attendant La seule valeur que je défends, c'est ma vie et celle qui m'a payé pour que je la lui défende.
Pour le moment je sais que je n'aime pas que l'on s'en prenne à plus faible que soi. suivant les acteurs engagés dans ce genre de scène, je peux me sentir d'intervenir. Si par exemple c'est un homme qui agresse une femme seul et dans l'incapacité de se défendre, c'est l'hymne à la cruauté, un autel dressé au culte de la barbarie, je me défoule ! Pas que je sois chevaleresque mais j'éprouve du mépris pour ce genre d'énergumène. Sinon le plus souvent je suis assez égoïste je l'admets et me mêle de ce qui me regarde.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
le visage encore ensanglanté de brûlure n'ayant surement que quelques heures, je déambule, titubant dans les rues d'une ville que je ne reconnais pas. Les badots me dévisagent, prennent peur à la vue de mes stigmates, certains s'enfuient en hurlant, d'autres ont la descence de mettre leur main devant leur bouche tordue d'horreur. Pas un seul néanmoins ne se porte à mon secours.
Je finis par m'écrouler de tout mon long dans une ruelle sentant la pisse et la boucane et je m'évanouis. Combien de temps ? Je ne saurais dire je me rapelle juste de la chaleur d'une main parcourant mon visage, s'arretant juste sous mon nez, certainement pour voir si le souffle de la vie ne m'avait pas quitté et, sentant que ce n'était pas le cas, tenta alors de me soulever. Qui était cette personne ? Que voulait-elle ? Je ne le savais pas mais ne pouvant me résoudre à rester ici en attendant que la mort me prenne, je décidai d'amorçer l'impulsion qui allait l'aider à me trainer la où elle le désirait. Ne voyant pas très clair, et toujours dans le coltard, j'arrive néanmoins a distinguer des cheveux long et une stature féminine. La pauvre elle galère bien comme il faut à soulever un vieux gaillard comme moi.
Au terme d'un trajet dont je ne saurais évaluer le temps ou la distance, elle finit par pousser une porte qui semble lourde pour ses frêles épaules. Elle me dépose sur une chaise, plutôt me largue en jurant sur mon poid et mon inaptitude à me porter moi-même. Sa voix légèrement rocailleuse parvint à mes oreilles sans que je puisse distinguer le moindre mots. La douleur est de plus en plus intense, je tourne de l'oeil pour me reveiller plus tard dans un lit, un linge mouillé sur une partie du visage. Mon premier réflexe est alors de me dégager de ce qui m'obstrue la vue. La mémoire courte, j'ai certainement oublié les plaies défigurant la partie droite de mon visage mais la douleur provoquée par mes doigts aggripant le linge pour l'arracher est là pour me le rappeler. Un cri de douleur s'échappe de ma gorge alors que ce que je devine être ma bienfaitrice accoure, les bras chargés d'onguent et de pommade en tout genre.
A la lueur de la bougie ses traits se dessinent. C'est une femme qui doit avoir entre 45 et 50 ans à moins que la petite vie qu'elle semble mener ne l'ait fait vieillir prématurément. Elle n'est pas très souriante ni même très avenante de visage. Ses traits sont grossiers, son nez proéminent sépare en deux un visage ridé et boursouflé certainement par l'alcool. Ses yeux bleux et étrangement rieur tranche avec le côté triste et délavé du reste de son corps. Ah, Son corps. Il semble avoir moins souffert des affres du temps. Sa poitrine compressée dans une sorte de gaine semble vouloir s'échapper de leur écrin de tissu, sa robe abimée, souillé et viellit ne cache pas des hanches callypiges et épanouies séparant nettement son corps en deux bien qu'un ventre légérement rebondit tend à lier le tout dans une harmonie charnelle.
Elle s'assoit au bord du lit, déposant les médicaments non loin de ma hanche. Elle se penche alors sur ma plaie. Malgré la douleur et mon état général, je ne peux m'empecher de jeter un oeil fugace mais néanmoins interessé sur le décolleté se présentant à moi. La discretion n'est pas mon fort et c'est avec un violent "tu y as perdu quelque chose ?" qu'elle me fait comprendre que je ne dois pas abuser de son hospitalité et ... d'elle. Je la regarde un instant quelque peu génée puis ferme alors les yeux pendant l'oscultation. Nous n'échangeons pas d'autres mots. Elle clos la séance de soin par un "repose toi, je t'apporterais à manger dans quelques heures." Je me renfonce alors dans les draps moelleux mes yeux parcourent rapidement la pièce. Un bouquet de rose est posé sur une commode, à deux ou trois mètres du lit, je ferme les yeux et tombe à nouveau de sommeil.
A nouveau reveillé par des douleurs atroces, j'évite cette fois d'arracher le linge qui m'empeche de voir. Je découvre mes mains également bandés de tissus. Ma bienfaitrice à côté de moi essor une éponge gorgé de sang, puis tourne la tête me voyant reveillé. Sans un mot je lui montre mes mains bandés.
" - Il n' y a pas que ta tête qui ressemble à une pomme cuite mon cher ! Je ne sais pas ce qui t'es arrivé mais tes mains sont presque dans le même état que ton visage. Pour sur, c'est pas un incident de cuisine qui t'as fait ça ! En parlant de ça tu peux te lever ? La soupe t'attend"
J'opîne du chef et tente alors de me lever. Je vascille et suis rattrapé in extremis par ma sauveuse.
" Je vais commencer à te faire payer mes sauvetages toi !" dit-elle amusée de ma faiblesse.
Je me traine avec difficulté jusqu'a une petite pièce avec un foyer en son centre. Je reste bloqué sur le feu qui me terrorise et je me fige alors. Elle le comprend tout de suite et m'invite à me tourner. A l'aveugle elle m'installe dos à lui sur une petite table, puis vient se placer face à moi. Je me rue alors sur le bol de soupe devant moi, m'essuyant avec la manche de ma tunique et mes bandages aux mains.
"dis voir, on a pas trop fait connaissance toi et moi..." me lança-t-elle comme un cheveu sur ...la soupe.
- "C'est que tu sais, je ne me connais plus moi-même..." retorquais-je.
- "Ava, tu peux m'appeler Ava. Tu veux dire que tu ne te souviens de rien ?
- Je ne me souviens ni de qui je suis ni de comment j'ai attéri dans cette ruelle, la gueule cramée comme ça.
- La vie n'est pas facile pour certaine personne..."
En disant cela, je devine alors qu'elle ne doit pas avoir beaucoup d'occasion de parler et une certaine envie de sociabiliser se ressent dans cette phrase, je lui demande alors son histoire, de me parler d'elle.
"Ho tu sais dans le quartier on m'appelle au choix la femme aux chats ou la sorcière au 1000 amants. J'aime effectivement les plaisirs de la vie mais je n'ai pas envie de souffrir une relation avec un homme qui me dira quoi faire et quand le faire. Je préfère le plus souvent la compagnie de ma horde de chat. Ils sont épicuriens après tout, tout comme moi. Après ton repas je vais apporter la bassine et tu vas prendre un bain, tu refoules jusque là !"
Juste après mangé, elle apporte là une grande bassine en bois qu'elle fait rouler dans la salle où l'on mangeait quelques minutes plus tôt. J'attend sur la chaise, mes mains me privant de tout travaux manuel, pendant qu'elle fait chauffé l'eau qui servira pour mes abblutions. Une fois prêt elle m'invite à venir prendre un bain. C'est vrai qu'a être rester ainsi dans le noir d'une maison sans fênetre à dormir et manger je n'ai plus trop conscience du temps qui passe mais ma propre odeur corporelle m'incommode. Arrivé devant la bassine je lui montre mes bandages. Elle m'arrête tout de suite :
"- Oula oui je les avais oubliés eux ! Bon reste les bras bien en l'air ils ne doivent pas être mouillés ! Je vais te laver !"
- 18+:
Puis retrouvant peu à peu ses esprits, elle me dit d'un naturel désarmant :
" de toute façon vu ta gueule de pomme au four maintenant, ce genre d'épisode ne t'arrivera plus souvent, profites tant que tu le peux.Te voir désarmer et à ma merci comme ça m'a fait un effet boeuf comme tu peux le constater, aller sort du bac je te sèche et vérifie que tes bandages n'ont rien et au lit"
Je me reveille le lendemain me demandant encore ce qu'il s'est passé la veille et cherchant du coin de l'oeil Ava. Je me lève peniblement et me décide à la rejoindre. Personne dans la maison. J'ouvre difficilement la porte de la bicoque et dehors un agglomérat de personne me donne un frisson dans le dos, inexplicable, un mauvais pressentiment. Je m'approche de l'attroupement pour voir Ava, affalée par terre, un seau de lait renversé à côté et égorgé, son sang maculant sa robe et sa gorge que j'embrassais encore il y a quelques heures. Au loin j'entend un badeau dire à un autre "ça, la sorcière aux 1000 amants fallait que ça arrive pour sure. Une laissé pour compte qu'a du se venger, bien fait pour sa gueule à cette morue"...
Je répond d'une moue, détachant mon regard de ma bienfaitrice. De retour dans la maison je prépare en hâte un baluchon et repart sur les routes.
+ Quel est l'impact des récents événements sur ta vie ?
Je ne sais pas ce qui s'est passé à Dahud, je ne suis pas du monde de la politique, en tout cas mon moi de maintenant. Je n'aime pas cependant l'injustice crasse et que l'on s'en prenne à plus faible que soi. Tout ce que je peux dire c'est que pendant l'attaque des extrémistes Eau, je me suis barricadé dans une auberges et ai défendu ma vie en plus de celles qui, comme moi, s'y étaient réfugiés.
+ Une dernière chose...
Une amnésie survenue dans ce que j'imagine être l'(l'un des) épisode(s) les plus violents de ma vie a forcément un impact sur cette dernière. Tout ce que j'espère c'est ne pas avoir été trop loin de la personne que je suis actuellement. Mon faciès me cause déjà quelques problèmes pour me regarder dans une glace le matin, j'espère que mes actes d'avant ne rendront pas la tâche encore plus difficile...