+ Quelle est ta région d'origine ? Y es-tu encore ?
Fille de Dahud et plus précisément de Lucrézia, Smeïa regarde sa ville d'origine avec une pointe de déception dans les yeux. Sur le papier l'intention est bonne, offrir aux peuples un lieu de cohabitation; dans les faits, ça sent l'hypocrisie et la tension. On ne peut pas forcer les hommes à cohabiter simplement en disant que c'est possible, il faut leur montrer que la chose est possible et surtout leur en donner l'envie. Comme pour les rats - Smeïa a toujours trouvé les rats intéressants - mettre quatre rats ensemble et les faire cohabiter de force aboutira systématiquement par des blessés ou des morts, mettez-les dans une cage trop petite, aspergez les d'eau froide et ajouter un serpent; ils formeront une troupe solide.
La fille de l'air vie avec les siens dans le quartier ouest de la ville; dans un appartement grand mais pas luxueux, au-dessus de son commerce. Vivant seule et ne recevant que peu de visite, la décoration d'intérieur est quelque peu oublié et contraste fortement avec le magasin. Ce dernier est toujours propre et parfaitement rangé, les articles trié sur les étagères sont tous parfaitement mis en valeur.
Parfois elle pense à voyager en Sterenn, d'une part pour en apprendre plus sur son élément et son contrôle, d'autre part pour la beauté du paysage. Malheureusement ses travaux - officiels ou non - ne lui laisse que peu de temps pour le tourisme.
+ Parle-moi de ta famille, et de ton lien avec elle.
Orpheline depuis plus d'une dizaine d'année et fille unique, la petite Adj-Ereb n'a toujours pas vraiment fait le deuil de ses parents et ne le fera probablement jamais. De toute façon, qui pourrait oublier la tête de son père roulant dans les escaliers ? Avant ça, Ismea était une enfant aimante et presque obéissante - aussi obéissante que peut l'être une fille de seize ans. Son père lui avait enseigné quelques rudiments de la médecine - savoir faire des points de suture est toujours utile - et sa mère les bases du bon comportement en société et du commerce - savoir vendre et se vendre en bref. Mais maintenant plus rien. Juste deux noms sur une tombe qu'Ismea fleurit régulièrement.
+ Si tu pouvais aller dans une autre région d'Oranda, où irais-tu et pourquoi ?
Smeïa a toujours nourri le rêve d'explorer Vaïnui, les grandes étendus de neige et les montagnes. Tout ça lui semblait si lointain, pourtant elle était sûre de pouvoir s'y fondre. Certaines mauvaises langues feraient le rapprochement entre sa pâleur nocturne et cette envie, et ils n'auraient pas entièrement tort. Si la glace plus que l'eau avait été un élément, Ismea l'aurait probablement contrôlé, mais les dieux n'avaient pas vu les choses sous cet angle et l'air n'était pas des plus désagréable.
Mais de là à y vivre ? Non, Ismea aime le soleil et la chaleur, elle ne supporterait pas de vivre dans une zone aussi froide. Peut-être prendra-t-elle sa retraite près de la frontière… si elle atteint l’âge de la retraite.
+ Quel est l'élément dont tu te méfies au plus haut point ? Pourquoi ?
Si son idéologie pousse Ismea à considérer tous les éléments comme égaux, ses sentiments en revanche… Elle se souvient encore dans les moindres détails du tatouage de l’assassin de ses parents et du feu dans ses yeux. Aussi, elle se méfiera toujours plus d’un Feu que de quelqu’un d’un autre élément. Elle juge le feu comme instable, désordonné et violent. En fait, elle juge le feu comme elle jugerait un homme inconnu ; c’est un danger. Et le danger se dompte ou s’élimine
Son côté pragmatique lui dit qu’il ne faudrait pas, mais le pragmatisme n’est pas toujours la vision la plus évidente à adopter.
Au sein même de la guilde cette appréhension est visible. Les recrues Feu sont bien moins nombreuses que les autres, mais Smeïa s’en est aperçu et cherche un homme de confiance pour le recrutement du feu.
Seul Orkem à réussi à gagner sa confiance.
+ As-tu un secret ? Un secret dont personne ne devrait en entendre parler ?
Si pour la majorité de Lucrézia Ismea est une belle commerçante du quartier Ouest, certain la connaisse sous un jour plus… sombre. Dirigeante d’une guilde aux desseins secrets. La fille de l’air touche à tout ce que la clandestinité propose : vole, contrebande, drogue, prostitution, accident du travail et assurance. Serpent au coeur des bas-fond de la cité, Smeïa ressert chaques jours son étreinte sur la ville. Elle à plus de sang sur les mains qu’un grand nombre de commerçant et pourtant ses nuits sont bien plus calmes que pour la plupart d’entre eux. Elle sert un idéal, une cause et la fin justifie les moyens. Même les moyens les plus extrêmes.
+ Quel est ton rôle au sein de ta région ?
Vendeuse de curiosité le jour, Ismea est une commerçante aisée de Lucrézia et son magasin est un lieu de passage très fréquenté. Comme n'importe quel vendeur, elle connaît beaucoup de monde, entend beaucoup de choses et sait gagner le coeur des gens.
La nuit, son influence sur la ville est tout autre. N'importe quel mendiant connaît le nom de Smeïa, mais aucun ne vous en dira plus. Sa guilde garde un oeil sur les petites gens car les petites gens sont les plus fiables. Soigne un estropié pendant l'hiver, tu auras un mercenaire au printemps. Offre une pièce à un mendiant, il te rapportera le collier d'une riche. Offre un toit à une prostitué, elle t'apportera les secrets de ses clients. Le monde va mal et Smeïa sait en tirer profit. Pourtant, elle n'est pas là pour l'aider à aller mieux. Le monde va mal et le Serpent l'empoisonne, car le monde ne peut pas se relever sans tomber.
+ Si tu devais assister à une mise à mort injuste qui mettrait en danger un innocent, que ferais-tu ?
Innocent ? Personnes n’est réellement innocent. Pourtant tous ne méritent pas la mort. La vraie question est : qui est suffisamment innocent pour mériter de vivre et qui ne l’est plus. Ismea n’est pas du genre à détourner les yeux devant une mort, pourtant elle n’ira pas non plus jusqu’à risquer sa vie pour un inconnu. Le ferait-il lui ? Probablement pas. Le monde est égoïste et être altruiste à outrance ne méne à rien. Ainsi, face à une agression, Smeïa pèse toujours le pour et le contre: combien risque-t-elle ? Combien a-t-elle à gagner ? Quelques hématomes valent-ils une potentiel recrue ? Ou alors une mort de plus vaut elle le prix de sa propre sécurité ? Elle se pose ces questions souvent. Bien trop souvent.
+ Que penses-tu de la séparation entre les éléments ? Crois-tu que cela est normal, ou contre-nature ?
Dans un monde comme le siens, les gens ne peuvent pas se mélanger. Non pas que la chose ne soit pas foncièrement possible, mais parce que les peuples refusent de voir la possibilité. Ismea aimerait voir une harmonie des peuples - Exempt compris - mais elle sait que dans ce monde, là chose n'est qu'une illusion, une utopie.
Mais une utopie dans laquelle elle croit dur comme terre. Une illusion pour laquelle elle est prête à se battre. Chaque jour elle oeuvre pour que les peuples puissent cohabiter. La chose marche à petite échelle, au sein de sa guilde. Ses fils ne se regardent pas en chien de faïence comme les autres habitants de Lucrézia. Ils sont frères sans distinction élémentaires.
Mais pour l'heure, les gens ne sont pas prêts. Ils n'attendent qu'une occasion pour se poignarder dans le dos. Au sein même de chaque nation les tensions sont palpables. Les éléments ne sont pas le fond du problème, c'est la nature humaine. Ismea le sait et veut le changer.
+ Crois-tu en l'existence de l'élément Matière ?
Pourquoi pas?
Ismea n’a jamais vu de personne contrôlant la matière, mais refuser d’y croire c’est refuser de potentiel allié et ne pas être prêt à de potentiel ennemis. Si la matière existe, Smeïa est prête à leurs offrir une place dans sa guilde.
+ Si tu devais défendre quelque chose, une idée, un concept, une valeur ? Et si tu devais t'opposer à quelque chose ?
La fin du clivage élémentaire en particulier et l'égalité en large. L'équité pour être plus exact. Smeïa est fatigué de voir les familles déchirés après la Cérémonie, de voir certaine personne en écraser d'autre pour un peu de place au pouvoir. Elle espère un monde où tout le monde à sa place au soleil. Elle espère et se bât pour construire ce-dît monde. Combattre le clivage et cette société de caste fait partie du quotidiens de la cheffe de guilde. Elle hésite d'ailleurs toujours à publier un essai politico-philosophique dans lequel elle poserait les base d'une société idéale. Un pavé dans la bibliothèque, mais elle craint les représailles de grand de ce monde. Après tout, clamer que les Exempts pourraient être des citoyens à part entière est mal vu… donc elle ne dit rien et se contente d'agir en secret, du moins pour le moment.
+ Si tu devais me raconter un événement du passé...
Assise sur une banquette en cuir de morse dans l'arrière boutique de sa mère, Ismea relisait les livres de comptes. L'embout d'un narguilé entre les dents, ses yeux dansaient sur les chiffres à travers la fumée. Tout était en ordre et la dernière cargaison en provenance de Gorka avait booster les ventes. Elle sourit et jeta un oeil à sa mère. Cette dernière passait calmement sa peau de daim sur le cuivre du comptoir. L'adolescente tira une grande inspiration de fumée. “L'aide!”. Le cri de son père déchira le calme de la nuit. Agissant d'instinct, elle se précipita en direction des escaliers qui séparaient leur appartement du magasin. Alors qu'elle ouvrait la porte en bois d'arbre qui séparait les marches du cabinet de curiosité, elle fût frappée par l'effroi. Le visage de son père lui faisait face. Déformé par la douleur. La tête de son géniteur reposait sans corps, sur les marches de l'escalier. A l'étage un rire rauque. Relevant les yeux, elle aperçut un homme armé d'un sabre à lame courbe. Le fil de l'arme luisait comme si elle était chauffée à blanc. Elle déglutie. “Tiens, le doc nous a laissé un cadeau.” Disant ces mots, le meurtrier fit quelques pas dans les escaliers, ça lame frottant contre le mur. Un petit groupe d'hommes apparu dans l'encadrure de la porte derrière lui. Prise de panique, Ismea fit volte-face. Bousculant sa mère, elle se dirigea vers la porte du magasin. Elle attrapa la poignée et tira. En vain. Sa mère avait fermé pour la nuit. La seule issue était vérouillée. La jeune fille se retourna. La langue sur sa lame, l'assassin léchait le sang de sa mère. Cette dernière gisait au sol. Prise d'un haut le coeur, Ismea se plaqua contre le mur. “Papa et Maman étaient de mauvais payeurs.”. Commença l'homme en s'avançant. “Et comme tu es l'unique héritière, tu vas payer. Pas vrai?”. Au moment où la lame brûlante déchirait sa tunique, elle regretta pour la première fois d'être fille unique... La suite lui laissa des cicatrices sur le corps et encore plus dans la psyché. Mais elle réussit à ce concentrer suffisamment pour garder le visage de son agresseur en tête.
+ Quel est l'impact des récents événements sur ta vie ?
Le chaos profite rarement aux commerçant, sauf si le-dît commerçant baigne dans des affaires illégale. Jamais la guilde n'a été aussi active. Combien de riche commerçant de l'Ouest sont-ils prêt à payer pour une escorte ? Combien de foyers sont abandonnés par des noblions partis retrouvé leurs patries n'attendent que la main délicate d'un cambrioleur ? Combiens d'enfant paumé et pauvre, de gosse des rues se cherchent une cause juste ? Dans tous les cas, la guilde est là. Et ce qui est bon pour la guilde, est bon pour Smeïa et son moral. Jamais la fille du vent n'a jamais été aussi sereine quant à ses objectifs. Elle ne sait pas si les dieux ont réellement quelque chose à voir avec ces catastrophes climatiques. Mais si c'est le cas, elle se mettra peut-être à prier. Les choses changent enfin, et elle veut en être.
+ Une dernière chose...
- La double vie que mène Smeïa lui coûte énormément de sommeil. Aussi, pour se maintenir en forme, elle use de produit peu recommandable à base de Guarana et de Caféine en infusion. La chose est parfaitement légal mais peu recommandée pour le coeur. La fille de l’Air est parfaitement consciente des dégâts qu’elle cause à son organisme, mais se dit qu’avec un peu de chance elle arrivera à tenir sur le long terme. De-plus, elle trouve que les cernes violacé sous ses yeux lui donne un petit plus sexy.
- D’un naturel calme et pragmatique, il lui arrive de disjoncté dans des situations de stress trop importante ou quand elle se sent trop menacée physiquement. Tous se souvienne de Khuir; un jeune marchand qui avait posé sa main rugueuse sur les cuisses de la jeune fille au cours d’une soirée mondaine. Après avoir repris ses esprits Ismea lui avait proposé de prendre en charge les soins dentaires.