Enfant de Gorka depuis sa naissance, Kalen compte bien le rester jusqu’à sa mort. Il appartient à cette région, la comprend autant qu’elle le comprend. L’harmonie avec la nature représente beaucoup à ses yeux, comme à tous ceux de son peuple. C’est pour cette raison qu’il se dévoue à eux, corps et âme. Et quand on parle d’eux, ce sont aussi bien les Gorkiens, que la nature majestueuse qui les bénit, mais également les animaux qui honorent les hommes de leur présence. Il est prêt à donner sa vie pour eux, et luttera coûte que coûte contre ceux qui auraient pour idée de venir briser l’harmonie de Gorka. Et autant dire que Kalen souffre depuis quelques temps. Autant que sa région. Il ne supporte pas cette sécheresse qui s’est emparée de l’Est. Il lutte sans relâche depuis, sillonnant le pays pour venir en aide à chacun. Il ne se repose que très peu et ne consentira à faire une pause que lorsqu’il jugera que sa région natale sera sauvée. Ce qui est encore loin d’être le cas.

Kalen et son histoire familiale, c’est un peu comme un gruyère dans lequel on tente de reboucher les trous en les colmatant. D’un côté il y a ses parents et plus particulièrement sa mère. Il l’aime et a toujours voulu la protéger, à tel point qu’il n’a jamais réussi à se résoudre à lui dire que son père la trompait. C’est un trou qu’il s’est contenté de reboucher et jusque présent, il tient. Quant à son père, ancien président de Gorka, respecté de tous. Kalen lui en veut, depuis longtemps et personne ne se doute à quel point. Même s’il se contente de reboucher également ce trou, il n’en demeure pas moins qu’il ne pardonne pas à son père. Car l’engagement est quelque chose d’important à ses yeux. On ne trompe pas une personne, on rompt avec elle avant de côtoyer une autre. Comme lui l’a fait à l’époque en quittant Ysire pour se mettre avec Saskia. Attiré par sa fragilité, sa douceur et sa timidité, il a succombé au charme de cette jeune femme muette avec qui il partage sa vie depuis. Ce n’est pas évident tous les jours. Par moment cela lui pèse, mais comme à chaque fois, il rebouche le trou et continue à avancer. Car la famille c’est ainsi, un gruyère qu’il faut colmater sans se préoccuper vraiment de soi.

Si on lui laisse le choix, Kalen n’irait nulle part et resterait à Gorka. D’autant plus que les évènements récents ne font que le confirmer dans son point de vue. Hors de question pour lui d’abandonner ses terres mais si vraiment on ne lui laissait pas le choix, il hésiterait entre deux. Vainui au Nord et Sterenn à l’Ouest. Ses idéaux sont incompatibles avec Sezni. Cette région est bannie la première dans sa liste. Quant à Dahud, elle ne l’attire pas des masses. Il se contente de se rendre dans cette région pour des obligations officielles. Ses voyages sur une année sont déjà trop nombreux à son goût et le dernier en date lui laisse comme un goût amer au fond de la gorge. Autre point important, la manière dont les autres régions traitent les êtres vivants. Ces derniers sont sacrés à ses yeux et de savoir que certains les mangent, s’en servent sans leur demander leur approbation, c’est un sacrilège à ses yeux. Donc tout ce qu’il espère et réclame, c’est de rester à Gorka.

Sans hésitation le feu même si l’eau peut l’éteindre. Cet élément est capable de faire des ravages monstrueux. Ce fut le cas dans le passé, le présent est une triste réplique de ce passé car des forêts entières brûlent à cause de la sécheresse. Ce n’est peut-être pas de la faute de Sven Ramose et de la nation du feu, mais ils représentent cet élément. Et Kalen n’a jamais réussi à leur faire confiance. Peut-être il y a très longtemps, quand il connaissait l’autre facette de Sven, celui qu’il n’est plus. A présent, plus rien ne semble vouloir arrêter le dictateur du Sud. Il ne croit pas en la démocratie, encore moins en la république. On croit que l’eau est le seul élément qui peut éteindre le feu, mais la terre peut également le faire, en le privant d’air. Depuis la fermeture des frontières, des contrôles plus strictes pour rentrer dans Gorka, Kalen réunit les membres de sa nation. Pour lutter contre le feu qui ravage leur terre mais également pour se préparer à une guerre plus qu’imminente.

Ce n’est pas un secret à proprement parlé. Plutôt un doute intérieur, ancré en profondeur. Durant quatorze ans, il a été inexistant. Puis il a germé, quatre ans en arrière, coïncidant avec l’année d’arrivée à la présidence de Kalen. Jusqu’en l’an 832, il peut affirmer qu’il n’a jamais eu d’hésitation. Mais Ysire, son premier amour a refait surface à temps plein dans sa vie, obtenant le poste de second président. Les semaines s’écoulent, les mois également, et le doute grandit un peu plus. Il ne comprend pas car il est toujours heureux avec Saskia. Il ne laisse rien transparaître, si ce n’est parfois un regard qui lui échappe en direction d’Ysire. Dans sa tête, c’est clair, il est hors de question de briser son bonheur en laissant son doute prendre davantage d’ampleur. Ce n’est pas évident tous les jours, c’est même épuisant mentalement. Si bien, qu’il n’est pas rare que Kalen se mette à l’écart, partant à la recherche d’une sérénité qui s’envole alors que sa santé mentale prend un coup. Ils n’en sont qu’à autre années de mandat, il leur en reste seize à accomplir. Parfois il se demande s’il doit renoncer à la présidence pour préserver sa vie privée. Il se demande également s’il est capable de tenir pour son peuple, pour Saskia. Il compte sur Tarlyn pour le protéger, se tourne régulièrement vers elle, en premier pour son peuple, mais parfois pour lui. Car même le plus fervent des prieurs a besoin d’un peu d’espoir, celui de croire que ce qui se trame dans sa tête n’est que passager, un nuage qui ne transformera pas sa vie en tempête qui ravagera tout sur son passage.

La présidence de Gorka, c’est une histoire de famille chez les Hileran. Kalen a été élu à la suite de son père. Il veille sur son peuple en compagnie d’une co-présidente. Elle détient le pouvoir judiciaire alors que lui possède le l’exécutif. Les deux ne sont régulièrement pas d’accord sur divers sujets, pourtant pour le bien de leur peuple, ils mettent leurs divergences de côté et tentent de s’accorder. L’assemblée les aide également. Plus de deux cent personnes à écouter, ce n’est parfois pas de tout repos. Car cela peut être deux cent avis différents sur le même sujet. Cette démocratie fonctionne pourtant bien et ce, depuis longtemps. Kalen met toute son énergie dans son rôle, sans doute parfois il en met même de trop. Il se sent alors vidé, comme si son optimisme et sa joie de vivre lui ont été retirés. Il se pose alors beaucoup de questions, se laissant gagner par une certaine mélancolie. Est-il un bon président ? Est-ce qu’il fait le nécessaire pour son peuple ? Va-t-il tenir tout le temps de son mandat ? Ces remises en question peuvent créer sa perte mais paradoxalement, elles sont également sa plus grande force. Elles lui permettent d’avancer, de tenir chaque jour dans son rôle de président et de continuer d’agir en conséquence.

Sans hésitation, Kalen interviendra. Non en se positionnant en tant que président, mais plutôt en tant que simple homme qui croit en la justice. Sans preuves tangibles, un innocent ne doit pas être mis à mort. Et même s’il existe des preuves qui retirent son innocence pour le rendre coupable, il existe d’autres alternatives que cette solution radicale. La prison, l’exile, voire même l’esclavage même s’il n’est pas très fan de ce dernier recours. La vie est précieuse, il ne comprend pas que certaines personnes puissent prendre plaisir à la retirer.

Pour vivre bien, vivons séparés. Donc cette séparation est normale en ce qui concerne Kalen. Cette volonté de vouloir réunifier tout le monde, il trouve qu’elle va contre nature. Les aspirations de chaque nation sont différentes, les modes de vie également. Chacun vénère son propre dieu. Comment peut-on vivre ensemble avec autant de différences ? Attention, cela ne veut pas dire qu’il se présente comme un raciste vis-à-vis des autres nations car ce n’est pas du tout le cas. Il respecte leur mode de vie tant que cela reste sur leur territoire. Le président craint qu’en voulant regrouper tout le monde, de nouvelles tensions vont être générées, que de nouveaux points de divergences vont émerger. Les différences mènent à la diversité ce qui est bien pour le monde, mais cela apporte aussi de la violence et une volonté naturelle de l’homme de vouloir dominer l’autre. Point de vue qu’il ne peut accepter.

Il n’y croit pas non. Il y a bien des rumeurs qui circulent mais l’esprit de Kalen est tout de même assez terre à terre. Il ne croit que ce qu’il voit. Et jusque présent, il n’a rien vu qui le mènerait à croire que l’élément Matière existe. Pourtant, Ysire croit en son existence, mais ce n’est pas suffisant à ses yeux. Cela se révèle seulement être un sujet de discussion récurrent entre eux, ainsi que des tensions car ils ne sont pas d’accord sur le sujet. Par contre, si un jour quelqu’un arrive à lui prouver que la Matière existe, il révisera son jugement sur le sujet. En attendant, ce n’est pas sa préoccupation principale. La sienne se nomme l’élément Terre, une nation, et des discussions vaines lui font perdre un temps précieux pour s’occuper de Gorka.

Sans hésitation, la séparation des différentes régions. Kalen vient de passer quatre années à défendre cette idée et il continuera à défendre cette ligne de conduite pour les prochaines qui vont suivre. Ce fut dans le passé également la politique de son père, et même s’ils sont en désaccord sur divers sujets, celui-ci n’en fait pas parti. Sa priorité est Gorka et elle le restera. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il va se mettre des œillères pour ne pas voir ce qui se passe autour de lui. Il est également pour la défense des innocents. Il est difficile de citer toutes les valeurs qu’il défend. S’il ne faut en citer que quelques-unes, ça serait l’union, l’harmonie, la paix, la nature, l’égalité. Tout ce qui se rapproche de la vie et non de la survie.

« C’est terminé entre nous Ysire. » Cette phrase, Kalen la prononce en 818. Il a alors 21 ans et la demoiselle qu’il quitte 18 ans. Ils viennent de passer une année à s’aimer passionnément. Leur couple s’est révélé fusionnel, dans leur cercle d’amis, ils étaient inséparables. On voyait rarement l’un sans que l’autre ne soit dans les parages. Alors pourquoi est-ce la fin de cette histoire ? Il y a eu des tensions due à leur jeunesse. Des incompréhensions pour lesquelles ils n’ont pas pris la peine de s’arrêter dessus pour s’expliquer et les éradiquer. La décision n’a pas été facile à prendre et pourtant Kalen l’a fait. Au détriment d’Ysire.
C’est à cette période qu’il rencontre une autre demoiselle. A ses côtés, il a l’impression de retrouver la quiétude qu’il perd quand ses mots dépassent ses pensées envers Ysire. Pour faire simple, il a choisi la solution de faciliter. Personne ne peut le nier, surtout pas lui. Il a refusé de suivre l’exemple de son père en menant une double vie. Alors il a fait un choix. Celui de laisser derrière lui son amour pour Ysire en se laissant tenter par l’attraction qui l’attirait vers Saskia. Il n’a pas su y résister, à croire que c’était inscrit dans ses gênes. Il s’interroge, il ne sait pas si cette décision est la bonne. Ysire met un point final à leur histoire en disparaissant de sa vie, de leur cercle d’amis. Dès lors, il commence à s’en construire une nouvelle avec Saskia. Sa douceur, sa timidité, Kalen se laisse bercer.
Puis un jour, il la croise de nouveau. Ysire, un enfant dans les bras. Et à cet instant, il comprend que la page est définitivement tournée. Le mot fin s’inscrit sur la dernière page. Si lui a été rapide pour se recaser, son ancienne compagne l’a été encore plus. Il ne souhaite pas savoir qui est le père de cet enfant. Il n’est pas en droit de ressentir ce sentiment et pourtant, c’est bien de la jalousie qu’il ressent. Il tourne les talons, tente d’effacer cette image de son esprit. Et ce même soir, comme pour chasser définitivement Ysire de son esprit, il rentre et fait l’amour à Saskia. Un amour différent de ce qu’il lui a donné jusque présent. Un amour plein de passion mais également de tourmente. Il s’offre à elle comme il ne l’a jamais fait jusqu’alors. Il lui offre son âme, laissant le passé derrière cette nuit-là. Il est alors loin de se douter que le passé fera de nouveau surface en l’an 832 et qu’il reviendra le tourmenter.

Sans doute que tout le monde imaginait que l’attaque viendrait du Sud. D’eux, de la nation du Feu. Et pourtant, contre attente, le déclenchement des hostilités vint d’extrémistes de la nation de l’Eau. C’est étonnant et pourtant pas tant que cela. Kalen a toujours pensé que la monarchie du Nord pouvait se transformer en dictature comme le Sud sur un simple coup d’état. Est-ce le début du renversement du Nord ? Il ne sait pas trop à l’heure actuelle. Il aimerait croire en Andar, en ses représentants. La méfiance est pourtant de mise. Après le terrible évènement, les membres de la nation Terre se sont retranchés dans leur région. Un ordre a été donné pour que les frontières soient encore plus contrôlées qu’auparavant. La nation est à cran, pour diverses raisons. Le président est d’une nature plutôt calme et apaisante. Il n’en demeure pas moins qu’il a fort à faire avec la famille représentante. Un rien pourrait transformer toute cette agitation en guerre. Il ne la prône pas, la fera si cela se révèle nécessaire. Mais s’il peut l’éviter en retranchant Gorka en une véritable autarcie, il n’hésitera pas pousser dans cette direction.


La princesse du Nord souhaite toujours violer le président de l'Est... Sinon, j'ai mis 40 ans en âge pour avoir le niveau 6 en accord avec un membre du staff.